Ça ne coûte rien - Histoires de Sexe

Ça ne coûte rien

... cheveux bruns de sa patronne.

— La maison vient d’être achetée, madame, paraît-il, par une femme très aisée.
— Une femme seule ?
— Oui, elle fait faire des travaux avant d’emménager.
— Vous en savez des choses.
— La boulangerie est le rendez-vous des commères du quartier, de toutes les domestiques et pipelettes, là où toutes les nouvelles s’échangent. Cependant nul ne connaît son nom.
— Merci, Marie, je compte sur vous pour me tenir au courant, je tiens à savoir qui emménage en face de chez moi.
— Bien Madame.

Toilette faite, habillée et pomponnée, Euphrasie se rendit à l’église du Saint Sacrement.

Toutes les semaines elle se confessait auprès du Père Noricar. Elle ne racontait que peu de choses à ce brave curé, n’ayant guère l’occasion de pécher.

Puis elle rencontrait les dames de la paroisse pour parler des bonnes œuvres, de mode et derniers potins.

— J’ai fait une folie, annonça madame Louviers, l’épouse du sénateur, je me suis acheté une crinoline.
— Une crinoline, s’époumonèrent les autres, vous nous montrerez.
— Oui, je n’ose encore la porter pour venir à la paroisse. Je vous inviterai prendre le thé et vous ferai voir l’objet.

Discutant de menus soucis quotidiens, Euphrasie devint le centre de l’attention générale.

— Vous avez du remue-ménage devant chez vous, très chère, s’enquit madame Trouville, la femme de l’avocat.
— Si vous saviez ! La rue fourmille d’ouvriers bruyants, et inconvenants.
— Inconvenants ?
— Ma camériste a été ...

... importunée par ces malpolis.

Elle n’osait avouer qu’elle parlait d’elle-même alors qu’elle se trouvait à sa fenêtre.

— En ces périodes troublées, la populace ne sait plus se tenir, asséna madame Trouville.
— Nous sommes bien d’accord avec vous, ma chère, répondirent les autres.

Revenue chez elle, elle s’enquit du menu du soir auprès de la cuisinière.

— De l’agneau, Madame, et des haricots.
— Très bien, Honorine, parfait.

Les fayots détenaient un pouvoir soporifique certain sur son mari. Après le repas, il ne l’ennuierait pas avec ce devoir conjugal fastidieux au possible.

Charles revint peu de temps après. Alors qu’ils dînaient, Euphrasie interrogea son mari au sujet de cette nouvelle voisine.

— Mon ami, auriez-vous quelque idée de qui cela peut-il bien être.
— Il se trouve que mon étude a rédigé l’acte de vente. Il s’agit d’une dame du nom de Léonelle Mercadier, la veuve d’un notable de province, paraît-il.
— Une veuve, tiens donc, elle doit être aisée pour s’offrir cet hôtel particulier et réaliser de tels travaux.
— Il semble, oui.
— Et…comment est cette veuve ? Jeune, âgée, jolie, élégante, quelconque ?
— Je ne l’ai que peu côtoyée, c’est surtout Albert, mon clerc qui s’est chargé de l’ensemble des formalités.
— Pourtant, une opération de cette importance… ne put s’empêcher d’ajouter Euphrasie.
— Je l’ai juste croisée une seule fois, si vous désirez tout connaître, oui, elle est plutôt jolie, mais moins que vous, ma mie et, oui, elle est aussi un ...