J'ai deux amours... - Histoires de Sexe

J'ai deux amours...

... guérir, pour autant que ce soit possible. Si tu penses reprendre le boulot comme si de rien n’était, autant te jeter directement la tête contre le mur, au moins tu sauras pourquoi tu as mal. Réfléchis, et rappelle-moi en fin de journée, maintenant j’ai plusieurs séances qui s’enchaînent et je vais avoir du mal à te répondre.

J’ai demandé à voir mon patron, à qui j’ai expliqué sommairement être affectée par des problèmes d’ordre privé, ne me permettant pas de travailler dans les meilleures conditions. Fin psychologue, il a pris acte et m’a lui aussi recommandé de me ménager en prenant quelques jours de repos, d’autant que j’avais un important solde de vacances à utiliser. Nous sommes convenus que dix jours loin des tables de mortalité et de l’espérance de vie du genre humain seraient salutaires, et je suis rentrée à la maison ce mercredi-là encore une fois un peu perdue, mes emportements spontanés cachaient en fait une certaine faiblesse de caractère, dont je prenais petit à petit conscience avec inquiétude.

Le soir, j’ai appelé Bertrand, confirmant que j’avais suivi ses conseils et que j’avais devant moi dix jours pour apprendre à gérer mon nouveau statut de femme séparée, en attendant l’étape suivante qui devrait être le divorce.

— Tu as pris la bonne décision. Mais si je puis me permettre, te connaissant, si tu passes ces dix jours à tourner en rond dans ton immense maison vide à te demander si tu as agi correctement, à lire tes mails alors que ton patron te ...

... l’a déconseillé, et à pleurer au moins une fois par jour, cela ne va pas t’aider beaucoup.
— Tu trouves que je pleure trop ?
— Oh, Christiane, ne me fais pas dire ce que je n’ai même pas pensé, tu peux pleurer autant que tu le veux, tu as suffisamment de raisons pour le faire, ce que je te dis, c’est qu’il faut utiliser ces dix jours activement, pas à te morfondre et à te torturer les méninges.
— Je comprends Bertrand, mais comment ? Je suis un peu perdue, tu sais, j’ai de la peine à réfléchir, tout se mélange… la moindre initiative m’épuise…
— Bon, moi aussi j’ai un petit solde de vacances à utiliser, alors je te propose que l’on parte quelques jours, pour changer de cadre, pour débrancher le quotidien et profiter du présent en restant coupés du passé comme de l’avenir. Est-ce que tu t’en sens capable ? As-tu peur que je te force la main, que je t’impose quoi que ce soit ?
— Comment veux-tu que je refuse ? Je viens de découvrir les affres du purgatoire, et un ange me propose un stage au paradis…
— Euh… je préférerais que tu gardes tes métaphores bibliques pour ton frère, le confesseur des âmes en perdition, d’autant plus que ces quelques jours vireront peut-être à l’enfer pour toi !
— Idiot ! On se retrouve où et quand ?
— Je vais prospecter un peu pour trouver un « last minute » sympa, et je te tiens au courant pour que tu choisisses ta garde-robe, madame étant, me semble-t-il, d’une grande coquetterie en toutes circonstances !
— Si tu savais ce que tes mots me ...