Amanda - Histoires de Sexe

Amanda

... moment venu, sans bourse délier.
— C’est une question qui m’avait traversé l’esprit et que je comptais aborder avec vous ces jours prochains.
— Voilà un point réglé. Je préfère, car je sens bien que mes jours sont comptés.
— Allons, Édouard, ils ne le seront que lorsque vous baisserez les bras et vous n’êtes pas de ce bois-là.
— Vous savez, quand la machine est usée, d’abord on le sait, on le sent, et soit on fait semblant de l’ignorer en prétendant que la médecine fait des miracles, soit on l’admet et on se prépare à l’échéance, c’est mon cas.
— C’est courageux et ça vous ressemble.
— Concernant Amanda, j’ai également tout prévu pour elle en effectuant un éventail de placements à son nom qui assureront sa subsistance. Parmi ces placements, il y en a dans notre société, mais elle ne sera qu’actionnaire au même titre que les autres. Et comme elle n’entend rien aux affaires, elle ne risquera pas de vous poser problème ni de vous imposer une quelconque servitude de la société envers elle. Elle touchera ses dividendes, point.
— Parfait. Pour être franc, je me suis demandé un instant si elle ne faisait pas partie de la « succession ».
— Grand Dieu non ! C’est une petite que j’ai eu plaisir à sortir du ruisseau, dont l’émerveillement permanent et naïf me ravissait. Mais j’ai commis avec elle un grand péché d’orgueil : j’ai voulu la transformer à ma convenance. Vous savez, en fait elle est toute fausse, refaite de A à Z. Les cheveux, les yeux, le nez, la bouche, le ...

... menton, les pommettes, les seins, la cellulite… Mais si physiquement elle devint exactement c que j’espérais, je n’ai pas pu changer son processeur. Elle est, il faut bien l’avouer…(il jeta un coup d’œil alentour) stupide. Cette pauvre fille ne sait même pas rendre la monnaie, les capacités d’un enfant de sept ans. Même son rire idiot, malgré des semaines d’orthophonie, je n’ai pas pu lui faire passer. C’est bien un peu pour cela que je ne donne jamais de réceptions ici, quelque part elle me ferait honte… Je n’espère qu’une chose, c’est que la crainte de retourner d’où elle vient l’empêche de faire de trop grosses bêtises quand je ne serai plus là.
— Et vous n’avez jamais souhaité avoir d’enfants ?
— C’était mon plus cher désir, bien que l’hérédité ne fasse pas toujours les bons choix : il aurait pu être moche comme moi et stupide comme elle. Mais la nature en a décidé autrement, et c’est là que j’ai modifié les statuts de mon entreprise, de façon à pouvoir la transmettre à la personne de mon choix. Vous êtes en quelque sorte le fils brillant que je n’ai pas pu avoir.
— J’en suis extrêmement flatté et fier.
— Et moi je suis pleinement rassuré. Prenez votre journée demain, et de grâce allez vous acheter quelques costumes dignes de votre nouveau poste. Pendant ce temps, j’irai organiser votre déménagement, que chacun comprenne que c’est la volonté du patron.

Je suis parti après l’heure du thé qui enchaînait avec un déjeuner copieux et bien arrosé, laissant derrière moi les ...