Promenons-nous dans les bois... - Histoires de Sexe

Promenons-nous dans les bois...

... faillit recracher sa bière quand Gédéon cogna avec force son poing sur la table.

— Elle devrait ? Et où ? Quand ?
— Paris ! J’crois qu’elle partira pour Paris… C’est ce qui s’dit… C’est chez elle !
— Qu’est-ce qu’elle irait foutre dans c’te ville de merde ?
— Des affaires à prendre… Paraît qu’elle a des choses importantes à récupérer…
— Une putain d’emmerdeuse, oui ! Cette fille, y m’la faut Paul ! T’as compris, bon à rien !
— C’est pas évident, chef… Elle est dangereuse y paraît…

Le maire de Mirmont poussa un véritable rugissement et tapa une nouvelle fois sur la table de bois sombre.

— C’est une putain de tueuse de loups ! T’es pas un loup, abruti ! Elle va pas t’bouffer les couilles ! Toi, t’es un putain d’salopard et un fumier d’assassin… et t’aurais la frousse d’une pétasse ?
— Non…

Gédéon tapotait la table de ses gros doigts boudinés. L’obèse s’était essoufflé dans sa petite crise de rage et cherchait à récupérer son souffle en ouvrant la bouche pour aspirer de l’air. Après être resté silencieux un long moment, le bourgmestre but une gorgée de sa bière et s’essuya la bouche d’un revers de la main. Il paraissait s’être subitement calmé et soupira longuement en fixant son comparse.

— Paraît qu’elle est bonasse cette salope ?
— Ouais… C’est la plus belle gonzesse que j’ai vue. Pour sûr qu’elle est bonne, ouais…
— Alors j’veux la prendre pour Mirmont ! Le Gilles et l'Ankou, j’les emmerde. Les autres sont moins bornés et veulent bien me la vendre, ...

... la tueuse. Mais j’ai pas envie d’payer ce qu’ils me d’mandent en douce du conseil.
— Ils veulent quoi ?
— De quoi nous ruiner ! C’est ça qu’ils veulent, ces fumiers. Une partie de nos récoltes… De quoi s’empiffrer à nos dépens pendant dix ans. Dix ans ! Ils se foutent de moi ! Personne ne vaut c’prix-là. Et ils veulent des armes en plus… Des fusils d’chasse et des flingues…

Le visage sans grâce et rougeaud du chef de Mirmont se figea dans une moue pensive.

— De toute façon, si on se sert nous-mêmes… ces lâches de Jablines ne mouf’teront pas… T’as compris, couillon !

Gros et gras, tout le monde se demandait comment Gédéon n’avait pas succombé à une attaque. Il était connu que les crises de colère, les tempéraments sanguins et l’obésité ne faisaient pas bon ménage. C’était sans compter que l’individu n’était plus très jeune. Certains habitants du bourg parlaient d’une soixantaine d’années. Obèse et laid depuis l’enfance, il n’avait jamais rien eu à offrir à ces dames et en avait toujours été complexé. Une couronne de cheveux blancs, des petits yeux clairs perdus dans un visage lourd, le patron de Mirmont qu’il était aujourd’hui se servait des femmes grâce à son pouvoir et savourait sa vengeance d’homme frustré.

— Et j’veux surtout la baiser, la tueuse de loups !
— Ils disent qu’elle est vierge. Tu crois qu’c’est vrai ?
— Ils sont trop trouillards pour me mentir. Ouais… elle doit être vierge cette garce. Alors, démerde-toi comme tu veux… Tu peux prendre tous les ...