1. Pépète.


    Datte: 21/07/2019, Catégories: fh, jeunes, amour, Auteur: Dickleby, Source: Revebebe

    ... de sa réussite. Moi qui vivais encore chez ma mère, j’appréciai à sa juste valeur ce nouveau titre d’indépendance.
    
    J’avais beaucoup à lui dire, mais je ne sus où commencer. Les mots se précipitaient sans qu’il m’en vint aucun. Il en était de même pour elle.
    
    — Bon, je vais nous faire du thé, dit-elle à la fin.
    
    Pendant ce temps, j’examinai avec un grand intérêt cet appartement. Si j’avais eu des doutes sur la Pépète d’aujourd’hui, ce que je vis me rassura. Ce studio tenait encore de la personne que je connaissais, c’était une reproduction presque fidèle de la chambre qu’elle avait chez ses parents, avec ce bonsaï près de la fenêtre, et cette bibliothèque que j’inspectai.
    
    On y retrouvait ses auteurs favoris, plutôt classiques, avec un coin de lectures d’enfance, bibliothèque rose et verte, et détail amusant, des livres Harlequin. J’en pris un au hasard, en remarquant que la couverture manquait, comme elle manquait à tous les livres qu’elle avait de cette collection.
    
    — Tiens ! fis-je quand elle revint, les couvertures manquent. Tu dois donc y tenir ?
    
    Je la vis rougir subitement jusqu’aux oreilles.
    
    — Ah oui, ils sont comme cela ! dit-elle, en guise d’explication.
    
    Elle posa le service à thé, et me servit une tasse, tout cela avec des gestes étonnamment embarrassés. Et soudain, je compris tout.
    
    — Aline ! m’écriai-je. Tu y es allée !
    — Eh bien, oui. Il ne fallait pas me le dire !
    
    Et voilà comment je retrouvai la Pépète d’antan, ma Pépète. Nous en rîmes ...
    ... tous deux.
    
    Le temps était retrouvé, enfin.
    
    * * *
    
    Nous ne sommes jamais rassasiés, et lorsqu’un bonheur arrive, nous tendons déjà au prochain.
    
    J’étais heureux de retrouver Pépète, mais pas autant que je l’aurais souhaité. Les années de séparation avaient englouti ce temps de l’enfance et cette adolescence où je l’avais laissée, et elle avait soudain reparu, radieuse dans sa maturité, comme sortant de l’onde. Cela m’éblouissait. Et quand je me surprenais à deviner la cause secrète de mon désir, j’eus honte de concevoir, de vouloir autre chose. C’était Pépète.
    
    Pourtant, dans une collusion de faits éloignés, soudain rapprochés, plusieurs éléments que je croyais sans importance m’édifièrent, et dans l’attitude passée d’Aline, j’imaginais qu’au temps de sa colère, la jalousie de Fanny avait gâté nos rapports, et que par conséquent, Pépète avait été amoureuse de moi.
    
    Pépète, amoureuse de moi !
    
    Voyons, c’était ridicule, totalement absurde ! Non seulement parce que j’étais son ami d’enfance, un peu son frère, mais surtout, à cause de ces années où son détachement de moi fut complet.
    
    Et ces quatre années, c’était ma pierre d’achoppement. Je me demandais comment, en dehors de ses études, elle avait employé son temps ? Et un autre mystère planait encore, que je n’osais aborder avec elle, mais qui pourtant me perturbait atrocement. C’était une question, une question que je commençais à avoir tout le temps dans le dos, une question qui me piquait comme une morsure ...