Pépète.
Datte: 21/07/2019,
Catégories:
fh,
jeunes,
amour,
Auteur: Dickleby, Source: Revebebe
... souvent, dans mes accès de gaieté, le souvenir de Pépète m’attendait, et mes pensées prenaient un tour plus soucieux.
Pendant longtemps, je me suis senti indispensable, assuré que j’étais de son attachement. Et j’ai toujours cru qu’elle allait me revenir, que son entêtement ne pouvait durer. Or, mes torts devaient être bien plus graves, et tout cela dépassait ma sphère de compréhension.
Pépète, je l’avais pourtant rappelé, une fois, une fois seulement. C’était il y a deux ans, et j’étais mal tombé. Sa mère m’avait fait comprendre, non sans regret, qu’elle était en période de concours, et qu’il valait mieux la laisser tranquille. Depuis, rien, plus de nouvelles.
Dans ce jardin, je pensais à cette goutte qui avait tout fait déborder. Je revis ce moment où je m’étais masturbé en classe : ce jour où j’avais cru posséder Fanny. Cette déesse froide a dû complètement m’oublier depuis. Tant pis, et en définitive, tant mieux.
La couleur du ciel était déjà différente lorsque je décidai enfin de rentrer. Je laissais mes pas me guider. Je devais avoir la tête bien vide, pourtant j’eus le sentiment vague d’une présence, comme si on me regardait. Sans y prêter une réelle attention, je levai la tête avec nonchalance, et regardai alentour. C’est alors que je vis une ombre s’effacer à un coin de rue. Cette ombre me souleva le cœur. C’était une forme familière, sans cela, je n’aurais pas été si troublé. Peut-être sous l’effet de mes idées récentes, je crus y voir encore cet idéal ...
... de chimère ; et ce rêve, dernier reste de ma dernière illusion.
Fanny ? Mais non, ce ne pouvait être elle, Fanny n’était pas si petite.
Et voilà que je tournai à mon tour ce coin de rue où cette forme s’était effacée.
Son pas était le même, avec un je ne sais quoi de plus élégant, de plus raffiné, un maintien plus assuré aussi.
Je lui tapotai l’épaule. Dans sa façon de se retourner, il y avait une tranquillité sereine assez rare dans une personne abordée si cavalièrement. Elle agrandit juste un peu ses yeux pour marquer sa surprise. Pourtant, j’aurais juré qu’elle s’y attendait.
— André !
— Le monde est petit, Aline.
* * *
Comme le réveil fut brusque et cependant si charmant !
Pépète était à présent une toute jeune femme de vingt deux ans, une femme, oui. Ça me faisait drôle de le penser et plus encore de le voir. Son regard avait toujours été bienveillant, mais je le trouvai encore adouci, malgré ce front. Mais ce front, je le fixai intensément du regard : combien de pensées ont dû s’y accumuler tout ce temps !
Que s’était-il passé, ma Pépète ? Une gravité se dégageait de toi et entravait une plus libre effusion de cœur.
Pépète était devenue une élève des Mines. Son école était accolée au Luxembourg, ce jardin où j’allais si souvent ; ce jardin, mon jardin. Et moi qui passais toujours si près.
Elle habitait maintenant un studio, bien jolie récompense de ses parents pour son concours, dans le 14è. Elle me fit visiter ; c’était un peu le gage ...