1. La drague des copains


    Datte: 19/10/2024, Catégories: fh, voisins, copains, lunettes, gymnastiqu, pastiche, Humour Auteur: ClubAA, Source: Revebebe

    ... tente de trouver la bibliothèque, il n’y en a pas, regarde sous le lit, prend d’autres clichés. Il sort de l’appartement de Carl.
    
    Dans le couloir, il hésite. Il toque à la porte de Charlotte. Personne ne lui répond. Will est soulagé et déverrouille la porte de sa cliente avec son nécessaire de cambrioleur. Sa cliente absente, il fait de nouveau une fouille de placard et de tiroirs, prend de nouvelles photos et tente de trouver des éléments communs entre ces deux personnes, et sourit enfin lorsqu’il trouve ce qu’il cherche.
    
    De retour dans son cabinet où traîne toujours son whisky non touché, toujours habillé avec son trench, Will s’enferme dans sa chambre noire pour développer les pellicules. Il ressort avec un grand sourire aux lèvres : dans sa main droite, une photo prise chez Carl ; dans sa main gauche, une photo prise chez Charlotte. Sur les deux clichés, un godemiché similaire : ils partagent ce point commun !
    
    ⁂
    
    Charlotte s’efforce d’avaler le plat du jour, mais à la troisième bouchée, elle renonce. Il y a ce brouet dans l’assiette, ces bruits de couverts entrechoqués, cette odeur de soupe saturée de féculents… Bref, l’éternel environnement de la cantine du Trésor public semble lui confirmer que rien ni personne ne viendra jamais l’extraire de ce quotidien aussi étriqué qu’un bocal, et surtout pas le beau Carl. Comme si ça ne suffisait pas, tout le repas se prend nappé de sauce musicale et la voix nasillarde d’un chanteur à paillettes d’autrefois lui serine ...
    ... en sourdine« Comme d’habitude ». Elle frise le court-circuit. Comme d’habitude, en effet, elle déjeune en vis-à-vis de Jules-du-service-recouvrement-en-face. Tu parles d’une face… Déplumée, pâle comme la lune, et comme couverte de cratères qui n’ont probablement plus vu d’élément liquide depuis longtemps. Quant à la conversation, quelle que soit la phase, elle est toujours à marée basse : seul le strabisme divergent est digne de Jean-Paul Sartre. Jules, c’est l’ennui fait homme. On prétend qu’on l’a placé dans ce service parce qu’après vingt minutes, les contribuables récalcitrants craquent et signent le chèque. C’est ça ou sauter par la fenêtre, ils doivent avoir le même modèle de fonctionnaire à Moscou.
    
    — Tu sais ce que j’ai découvert, Charlotte ? L’abattement de 7,4 % assorti au prélèvement libératoire plafonné ne peut dépasser le montant du quotient forfaitaire indexé ! Qu’est-ce que tu dis de ça ?
    — Formidable.
    — Oh là, c’est pas le gros moral, on dirait… ? Laisse-moi deviner… Peine de cœur ?
    — Toi, en revansse, tu sembles euphorique.
    — Pour ne rien te cacher, je risque l’impôt sur la bonne fortune. Avec Carla, c’est du sérieux. Je vais bientôt lui soumettre ma déclaration en bonne et due forme.
    — Félicitations. C’est inattendu…
    — Juste une question de confiance en soi. Après tout, je ne suis pas plus mal gaulé qu’un autre, pas vrai ?
    
    La remarque réclame un acquiescement, mais aujourd’hui, Charlotte n’a même pas l’humeur à la politesse. Tout au plus est-elle ...
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