La drague des copains
Datte: 19/10/2024,
Catégories:
fh,
voisins,
copains,
lunettes,
gymnastiqu,
pastiche,
Humour
Auteur: ClubAA, Source: Revebebe
Dans la ruelle sombre près des poubelles, une silhouette se détache du mur. Vêtue d’un long manteau et d’un chapeau des années trente, l’ombre observe le boulevard grouillant : des voitures reluisantes, des jeunes gens bras dessus bras dessous, des enseignes de néons scintillantes et clignotantes, des rires et des cris d’exaltation, des portes de boîtes de nuit qui s’ouvrent et se ferment, de la musique qui envahit l’extérieur.
Une voiture se gare et le cœur du détective s’emballe. D’une des larges poches de son trench boutonné en entier, Will sort un appareil photo désuet. Son œil dans l’objectif, caché dans l’obscurité de la ruelle parallèle au boulevard illuminé de la fête du vendredi soir, il appuie plusieurs fois sur le déclencheur : sa cible est sortie de la voiture, elle en fait le tour, ouvre la portière et tend la main à une jeune femme en fleur, au port altier et aux bijoux clinquants.
Clic, clic, clic. Le couple avance vers l’entrée de la boîte de nuit, l’homme se retourne et sourit à sa compagne, clic, clic, Will est content, il déplace son appareil vers le dos de cette compagne, il photographie son cul avant de se mordre les joues. Le couple est entré par la porte-VIP et Will ne peut continuer son enquête, il n’est pas habillé pour infiltrer de tels milieux.
Il décide de retourner à l’immeuble de sa cliente et prend le métro, comme un con. Il rage un peu en regardant défiler les stations et en vérifiant que les boutons de son trench sont bien attachés : ...
... un véritable détective a une voiture !
⁂
Une jeune dame est venue le voir, désespérée.
— J’ai vu votre annonce dans le journal gratuit : je crois avoir besoin de vos services !
Will a retiré les jambes de son bureau, a tendu la main vers une bouteille pour se verser un verre de whisky, mais s’est ravisé : il a voulu jouer le personnage, mais il déteste l’alcool.
— Bonjour madame. Quel est votre nom ?
— Sarlotte.
— Sarlotte ?
Charlotte a pris une grande respiration pour travailler son élocution – comme le lui avait appris son orthophoniste – et énoncer son véritable nom au détective privé, toujours vêtu de son trench boutonné.
— Très bien, a répondu Will en prenant des notes avec un crayon à papier qu’il avait léché un peu avant du bout de la langue, en quoi puis-je vous aider ?
Charlotte a formulé l’objet de sa requête : il s’appelait Carl et habitait telle adresse. Elle voulait en savoir le plus possible.
— Ce ne sera pas facile, ma p’tite dame, avec le peu d’information que vous me donnez !
— Mais vous avez son adresse, c’est vous le détective !
C’est ainsi que Will a accepté la plus périlleuse enquête de sa vie. Charlotte, à la fin de l’entretien, lui a demandé :
— J’aimerais savoir, pour les honoraires. Je n’ai jamais fait ça, comment ça fonctionne ?
— Ne vous en faites pas, ma p’tite dame, nous verrons plus tard pour mes honoraires.
Will s’est allumé une clope dont il a retenu la fumée dans sa bouche, le temps que Charlotte quitte ...