1. L'album photo d'Anne 2


    Datte: 17/10/2024, Catégories: Entre-nous, Hétéro Auteur: Laetitia sapho, Source: Hds

    ... mélodramatique, je le conçois.
    
    J’ai téléphoné à Flandrin. Je savais qu’il restait toujours tard au bureau. Je ne voulais pas me rendre sur place. J’avais peur que Pierre y soit. J’ai demandé à ce qu’on m’envoie le plus loin possible, au Vietnam par exemple. Flandrin m’a dit avoir assez de photographes là-bas.
    
    Il m’a envoyée au Maroc. Un séisme sous-marin venait de provoquer un mini tsunami là-bas, causant pas mal de dégâts. Casablanca, notamment, était sous les eaux.
    
    Je m’éloignais de Paris pour quelques jours. J’ai ramené mes affaires chez mon amie avec qui j’habitais rue des Fossés Saint Bernard. Elle avait déménagé ailleurs à Paris. Mais nous allions reprendre notre colocation. Elle m’a un peu réconfortée. Et je suis partie pour le Maroc le lendemain matin. J’avais demandé à Flandrin de ne rien dire à personne, sur notre situation et surtout pas à Pierre où j’allais :
    
    - Ah, les querelles d’amoureux !! A-t-il bougonné.
    
    Un soir, après que je sois rentrée du Maroc, Pierre est venu sonner. Je l’ai laissé s’expliquer avec ma copine, à qui j’avais demandé de lui dire que je ne logeais pas là, qu’elle n’avait pas de mes nouvelles et qu’elle ne savait pas où j’étais.
    
    Je passais en coup de vent à l’agence, vraiment quand j’étais obligée de le faire, de peur de tomber nez à nez avec lui. J’ai demandé à Flandrin de me trouver des missions hors de Paris, autant qu’il pouvait. Il m’a dit que Pierre cherchait à me joindre, qu’il voulait me parler. Est-ce que j’avais ...
    ... un message à lui faire passer ? J’ai écrit une longue lettre que je lui ai laissée à l’agence. Une lettre de rupture, une vraie cette fois. Pas quelques mots griffonnés sur un bout de papier comme la dernière fois.
    
    Une semaine plus tard, Flandrin m’a appris au téléphone que Pierre a demandé à partir pour le Vietnam pour une longue durée. Un grand reporter de l’agence ayant été blessé par une balle perdue et devait être rapatrié. Flandrin a accepté de le laisser partir. A contrecœur, pour tout le monde à l’agence, la séparation des « amoureux », comme ils nous appelaient, rendait tout le monde triste. Pour tous, le départ de Pierre sonnait comme une séparation définitive, ce n’était plus une simple querelle d’amoureux.
    
    J’avoue, j’ai failli craquer, j’étais à deux doigts de le recontacter avant son départ. Je me posais des tas de questions. J’étais toujours amoureuse malgré tout. Plus que jamais même, mais je me sentais trahie. J’ai tenu bon. Il m’avait trompée et je n’avais pas envie d’entendre ses explications.
    
    C’est mon égo qui parlait, pas mon cœur. J’étais à nouveau célibataire.
    
    D’avril à l’été, j’ai couvert quelques événements en France, je suis allée en Italie une fois aussi.
    
    Pas grand-chose à suivre en fait. L’actualité de cette époque, ça aura été la démission de De Gaulle, les élections qui ont suivi et l’élection de Pompidou. Tous les journalistes étaient sur le coup, mais pour nous les photographes, beaucoup moins d’intérêt.
    
    Je n’étais pas au mieux. ...
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