1. Amours d'amazonie


    Datte: 19/07/2019, Catégories: fh, forêt, Humour aventure, Auteur: Amazonikk, Source: Revebebe

    ... fauteuil et expirer une fois passés. Je souris :
    
    — Si tu avais choisi la pirogue, il y aurait eu bien plus d’eau dessous.
    
    Tu me renvoies un regard faussement sévère.
    
    La piste semble interminable. Une flèche rousse la traverse pour plonger à travers le mur végétal : agouti (2). Plus loin, une colonie de petits singes bondit par dessus la piste, comme des marionnettes désarticulées. Nous ralentissons pour les laisser passer. Un tronc barre la route, tout enchevêtré des lianes qu’il a entraînées dans sa chute. Un mur épais et haut de plusieurs mètres, qui semble infranchissable autrement qu’à l’explosif.
    
    Nous stoppons. Je saisis une machette courte et la pose sur tes cuisses :
    
    — Premier cours.
    — Cours de surprises ?
    — Oui.
    
    Une main sur ton épaule, mon bras contre ta joue, je te montre les formes effilées des orchidées et des épiphytes. Un nid de termites suspendu à des lianes, une bande d’aras criards, très haut.
    
    Je te désigne les lianes à attaquer en priorité puis nous sabrons dans le tas. Tes jambes légèrement écartées, pour laisser la lame passer à gauche et à droite en angle très fermé, sans effort, profitant de l’inertie de l’acier qui retombe. Je me tiens dans ton dos pour accompagner tes mouvements, ton poignet bien calé dans ma main. Tu t’abandonnes un peu. Je sens monter les effluves de ton corps. Je me dégage à regret : ne rien brusquer, laisser la magie nous envelopper… et attaquer la partie du tronc au sol.
    
    À travers les copeaux, je te ...
    ... contemple. Un pli de concentration barre ton front. Tes seins, libres sous ton chemisier, tressautent à chaque coup. J’achève mon morceau de tronc et vais entamer l’autre partie, de l’autre côté de la piste.
    
    — C’est Ok, Jane, on y va.
    — Qui est Jane ? demandes-tu, penchée en avant, une main sur ta hanche et l’autre me menaçant armée de la machette.
    — Quelqu’un qui te ressemble, souris-je.
    — Et plus précisément ? grondes-tu avec un regard sombre qui fait ressortir le gris de tes yeux.
    — Plus tard, réponds-je, désinvolte, en posant un doigt sur tes lèvres.
    
    Tu me croques l’index d’un brusque mouvement et, le maintenant entre les perles de tes dents, prononce indistinctement :
    
    — Pi’anha ou jagua’ ?
    — Mmmmh : fleur carnivore !
    — Tu t’en sors bien, souris-tu en ouvrant la bouche pour me libérer.
    
    Nous attachons à l’auto une partie du tronc et je passe la marche arrière. La partie à demi sectionnée cède dans un craquement et nous la roulons sur le côté avant de reprendre notre route.
    
    — Quelle est la prochaine surprise ?
    — Je n’ai pas de cric si on crève un pneu.
    
    Un dernier virage de feuillage dense. Une rivière barre la route de ses eaux rouges, juste devant notre pare chocs :
    
    — Terminus !
    — Il n’y a pas de pont ?
    — Réservé aux piétons.
    
    Je sors deux sacs à dos en grosse toile et lui tends le plus léger :
    
    — Mets là-dedans l’indispensable.
    — Où allons-nous ?
    — Là ! fais-je en désignant un tronc enjambant la rivière.
    — Je ne sais pas nager avec un sac à ...
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