1. Convalescence et jugement


    Datte: 07/03/2018, Catégories: frousses, rousseurs, nonéro, Auteur: Frédichounet, Source: Revebebe

    ... fit le tour de son bureau et tenta, par des mots et de nombreux tapotements du dos de la main de la vieille dame, de consoler sa peine. Il conclut en disant, d’une voix qu’il espérait ferme et rassurante, que la jeune fille n’avait pas besoin de ça, qu’il fallait qu’elle soit forte. Ces derniers mots accélérèrent le retour au calme. Il lui tendit quelques mouchoirs en papier, tirés d’une boîte qui traînait sur le bureau, et ajouta qu’elle était leur dernier espoir, qu’elle devait essayer de parler à sa petite-fille.
    
    Le directeur la conduisit lui-même à la chambre de la convalescente, en lui expliquant qu’ils avaient dû sangler Mary à son lit parce qu’elle lacérait son visage de ses ongles, que les sédatifs ne suffisaient plus à l’empêcher de se faire du mal. Il lui ouvrit la porte et, tout en lui murmurant, "courage", referma la porte derrière elle.
    
    Mary était dans une de ses (trop courtes) phases de calme. Ses yeux étaient ouverts, fixes, ne semblant rien voir en particulier. Ils étaient si injectés de sang que les veinures attaquaient le turquoise, autrefois magnifique, de ses iris. Ceux-ci bougèrent et plongèrent dans ses yeux à elle. La jeune fille eut un rictus qui aurait dû ressembler à un sourire, mais qui ne parvint qu’à précéder deux larmes qui dévalèrent ses joues, pour aller se perdre sur l’oreiller.
    
    La vieille dame était au-delà des larmes, au-delà du plus grand des désespoirs qu’elle eut pu éprouver. Elle contemplait le visage de sa petite-fille. ...
    ... Celui-ci montrait de nombreux traits rougeâtres parcourant son front, ses joues… l’ensemble du visage, jusqu’à son cou et même le haut de sa poitrine.
    
    Elle ne devait rien laisser paraître, alors elle dit, simplement, d’une voix douce et un peu chevrotante :
    
    — Bonjour, mon ange.
    
    La grimace qu’elle reçut pour réponse ressemblait un peu plus à un sourire. Affermissant sa voix, elle ajouta :
    
    — J’aimerais que tu me racontes pourquoi tu es ici… est-ce que tu t’en rappelles ?
    
    Un hochement de tête montra que la jeune fille avait compris. Elle ouvrit la bouche, mais aucun mot ne sortit, alors son aïeule caressa sa joue et souffla, pour l’encourager :
    
    — Je t’aime.
    
    Deux autres larmes roulèrent et allèrent rejoindre les premières, et un murmure à peine audible parvint à se frayer un passage, par-delà sa détresse :
    
    — Maman… aide-moi…
    
    Elle ne releva pas l’erreur, la confirma, au contraire :
    
    — Oui, ma fille… je suis là pour t’aider… rien que pour toi. Raconte à ta maman, ce qu’il s’est passé.
    
    Le débit des mots, d’abord hésitant, devenait plus fluide, au fur et à mesure que l’histoire s’écoulait. Aimée ne prononça pas la moindre parole, écoutant de tout son être. Elle se contentait de caresser sa main, son visage, et lui souriait.
    
    À la fin du récit, elles restèrent un long moment sans échanger autre chose que des regards, éperdus pour la jeune fille, désolés et légèrement interloqués pour la vieille dame. Les premiers mots de celle-ci furent pour plaindre et ...
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