Il pleut, il pleut, bergère... - Histoires de Sexe

Il pleut, il pleut, bergère...

... les joues rouges, resta un instant à fixer la terre du sol et releva la tête.

— On dit fouetter un chat.
— Ah ? Bon. Encore des minous alors…
— Adeline m’a vue.
— Ah… Bon !

Lilas vint se coller à la grande carcasse de son invitée et leva les yeux vers elle.

— Elle avait l’air d’t’en vouloir ?
— Non. Elle m’a même souri et je crois… peut-être qu’elle m’avait vue avant de commencer…
— Oh… Ben, c’est pas grave alors.
— Qu’est-ce qui te fait dire ça ?
— Si c’que tu dis c’est vrai, Adeline avait envie qu’tu la r’gardes batifoler. Ça a dû l’exciter.
— Je ne comprends rien… Elle est très jeune, c’est…
— Adeline n’est pas si jeune. Elle aura vingt printemps très bientôt. Simplement elle refuse encore les avances des mâles. Bientôt elle devra obéir à nos lois… C’est aussi une preuve qu’on peut aimer les hommes et les femmes. C’est son cas à l’Adeline, j’crois…T’as pris un peu d’viande sur l’corps depuis que t’es là et t’es superbe. Tu dois lui plaire à notre Adeline.
— Elle a dit que j’étais jolie et qu’elle avait envie de me connaître.
— J’ai envie d’toi là !
— Moi aussi, Lilas.
— Mais non… On aura toute la nuit pour nous après notre visite. Faut que j’me lave un peu et que j’me change.
— Tu sais pourquoi nous sommes invitées ?
— Par politesse d’abord, j’suppose. Sybille est une érudite. Tu connais c’mot ?
— Oui.
— Elle m’a dit aussi qu’elle voulait t’parler de certaines choses importantes. Elle aussi parle… C’est un peu comme toi qu’elle cause. C’est ...

... parfois difficile de tout comprendre de c’qu’elle dit.
— À moi ? Elle veut me parler de quoi ?
— Ouais. À toi ma belle. Sybille m’a dit que… t’étais certainement plus érudite qu’elle. Tu veux y aller, au moins ? J’t’ai même pas demandé…
— Bien sûr, oui.
— Bon. Ben j’vais m’préparer !

La tueuse sentit ses joues rougir à nouveau, mais ne put contenir sa question.

— Tu veux bien m’embrasser encore ?
— Non, ma grande. Si j’t’embrasse, c’est sûr que j’le broute tout debout ton minou…
— Oh… File te débarbouiller alors !

Si elle n’avait pas été au fait de la situation qu’avait vécue son amie tueuse de loups, le premier regard échangé entre Lyrie et Adeline aurait amené Lilas à imaginer que ces deux-là se connaissaient déjà, ou qu’il s’était passé quelque chose de plus ou moins personnel entre elles. Quant à Sybille, elle ne semblait pas avoir remarqué ce détail. Elle était pourtant fine mouche et était toujours au courant de tout ce qui se passait au village, des potins comme des affaires plus sérieuses.

Sybille la liseuse. C’est ainsi que l’on appelait cette petite femme aux cheveux grisonnants et au corps mince comme une liane. Le rôle de Sybille s’était résumé à cela pour la majeure partie des gens. Lire, et lire encore. Elle avait toujours su déchiffrer les pages des anciens grimoires qu’elle conservait précieusement. Très vite, elle était devenue la mémoire du village. Mais cette femme intelligente ne s’était pas contentée de ce rôle que les autres pensaient ...