Anne d'Autriche paye sa dette
Datte: 13/07/2019,
Catégories:
amour,
fdomine,
humilié(e),
vengeance,
jalousie,
donjon,
attache,
portrait,
historique,
Auteur: Pierre Siorac, Source: Revebebe
... bougies aux odeurs envoûtantes et enivrantes. Quant à la chambre de la duchesse – qui avait reçu les visites de tant d’amants, de quelques amantes, et dont les murs drapés de rouge avaient été les témoins de tant d’ébats – elle était tout simplement un temple dédié à l’Amour sous toutes ses formes (et nous avons vu précédemment que le siècle en comptait bien plus qu’aujourd’hui), orné d’un tableau représentant la belle frondeuse sous les traits d’Aphrodite avec qui les artistes de l’époque ne cessaient de la comparer.
Mais ces rêves de visites étaient bien imprudents, tant les amants de la duchesse étaient nombreux à disparaître ensuite dans des circonstances souvent tragiques. Rochefort, de ce point de vue, avait grand tort de se plaindre de ses cinq années de captivité à Vincennes, car force était de reconnaître que, contrairement à bien d’autres, il avait survécu.
L’immense bibliothèque, qui occupait un mur entier du boudoir, accueillait tous les auteurs qu’il était possible d’imaginer. Livres de poésie, récits de voyages, ouvrages philosophiques, et même quelques livres de magie qui auraient fait se dresser les cheveux sur le crâne tonsuré des moines franciscains et donné des nuits entières de cauchemars à un inquisiteur espagnol. Mais en France, on n’inquiétait pas un personnage de ce rang pour si peu. Un arbre généalogique bien fourni suffisait à garantir une sorte d’éternelle immunité, et celui de madame de Longueville, bien qu’un peu arrangé, la faisait ...
... descendre indirectement du roi Louis XI. Elle était presque intouchable, et pouvait donc s’adonner à sa guise à tous les plaisirs qui lui passaient par la tête.
Pour la surprendre en train de s’adonner à un de ses plaisirs, justement, il suffisait de déplacer un manuscrit particulier renfermant les poèmes de François Villon. Un mécanisme se déclenchait alors, ouvrant sur le côté de la somptueuse bibliothèque une petite porte donnant sur un escalier de pierre et conduisant dans les sous-sols de sa demeure. Arrivés en bas, nous y découvrirons ce qu’il faut bien appeler des cachots ainsi qu’une salle de torture, de laquelle s’échappaient en cet instant nombre de pleurs et de supplications.
Madame de Longueville s’y tenait droite et hautaine devant la pauvre Caroline, les mains toujours liées dans le dos, et maintenue par deux gardes du corps.
— Je vous en prie, Madame, sanglotait la princesse, je ne suis pas votre ennemie. Laissez-moi partir, s’il vous plaît.
— Tout dépendra de toi, Vendôme. Mais oui, sois sans crainte : tu partiras… ricana la duchesse.
— Par pitié, Madame, dit-elle en tombant à ses genoux, ne me renvoyez pas au prince.
— Je te le promets : tu ne retourneras pas là-bas. Ce n’est pas dans mes intérêts. Tu vois, nous allons nous entendre…
— Alors pourquoi m’avez-vous amenée ici ? Qu’allez-vous faire de moi ?
— Te faire partir loin d’ici. En Louisiane, où tu serviras de putain et de chienne aux peaux-rouges et aux proscrits ! dit la blonde diabolique en ...