Anne d'Autriche paye sa dette
Datte: 13/07/2019,
Catégories:
amour,
fdomine,
humilié(e),
vengeance,
jalousie,
donjon,
attache,
portrait,
historique,
Auteur: Pierre Siorac, Source: Revebebe
... d’entre elles, reconnaissons-le, méritent de passer à la postérité ; mais certaines étaient d’une qualité qu’il faudra bien admettre :
Voilà ce que l’on chantait dans les rues de Paris, du matin au soir et du soir au matin.
Et Mazarin laissait chanter… « Qu’ils chantent, disait-il ; ils paieront… »
En réalité, Mazarin n’était ni sot, ni cruel. Mais il était amoureux – et cela depuis toujours – de sa reine, et cet amour était partagé. Il avait même quelques années auparavant été béni par feu le roi Louis XIII qui, préférant les hommes, avait toujours été incapable d’accorder à sa femme les honneurs qu’elle méritait. La naissance du petit roi reste pour les historiens une énigme bien singulière, à moins de croire aux miracles comme le bon peuple de Paris le crut en ces temps où l’Église trouvait, par le truchement de la Grâce Divine, des solutions aux situations les plus insolubles.
Mais il suffit de regarder l’Histoire avec un œil froid, de se pencher sur les dates, de comprendre pourquoi Mazarin fut rappelé à la cour pour devenir le parrain du futur Louis XIV, de comprendre l’insistance du roi sur son lit de mort à exiger que la reine fasse de l’Italien son Premier ministre, et de constater que ce dernier sacrifiera tout – jusqu’à sa propre dignité – pour que son « filleul » monte sur le trône débarrassé de tous ses opposants. On constatera alors que Mazarin a agi comme un père. Et on en conclura ce que l’on voudra…
Nous en conclurons ici que Mazarin n’avait ...
... pour seule préoccupation que la gloire de son « filleul » et l’amour d’Anne d’Autriche, avec laquelle il était marié en secret depuis la mort de Louis XIII. Que seule la raison d’État guidait ses décisions, et que son caractère était – contrairement à celui du grand Richelieu – beaucoup plus souple et pacifique.
Il était à cette heure en compagnie de sa bien-aimée. Anne d’Autriche, comme toutes les femmes que l’amour a fini par combler, savait lire dans les yeux de son mari. Et elle le voyait en proie à une profonde agitation qu’il essayait de lui cacher.
— Eh bien, Giulio, si vous me parliez un peu de ce qui vous préoccupe ?
— Comme toujours, Madame : les affaires de l’État.
— On vous veut du mal, encore une fois ?
— Cela n’importe pas. C’est là une condition à laquelle un Premier ministre doit savoir s’accoutumer.
— Mais c’est une condition à laquelle une femme ne le peut, surtout lorsqu’il s’agit de celui qu’elle aime.
— Ne vous inquiétez pas pour moi, Madame… Votre présence suffit à mon apaisement.
— Giulio, je suis votre reine. Et je vous somme de vous confier.
— Soit, Madame… Il s’agit de la princesse de Vendôme, qui a été enlevée.
— Nous le savons déjà.
— Elle a été enlevée à ses ravisseurs.
— La pauvre femme…
— Je dois avouer.
— Mais enfin, que font votre police et vos espions ?
— Il s’agit là d’une partie bien trop compliquée pour eux, je le crains.
— Diable… Des bandits se rendent coupables d’un enlèvement et se font posséder par d’autres bandits… ...