1. Anne d'Autriche paye sa dette


    Datte: 13/07/2019, Catégories: amour, fdomine, humilié(e), vengeance, jalousie, donjon, attache, portrait, historique, Auteur: Pierre Siorac, Source: Revebebe

    ... peut tout vous demander ; et si ce dernier souhaite échanger la princesse contre quelques faveurs, cela ne sera plus de votre ressort.
    — Effectivement. Mais à ce jour, j’agis de mon propre chef, et le duc ne m’a rien demandé. En me ralliant à vous, je ne le trahis donc pas.
    — Vous trahissez votre intérêt, Rochefort, ainsi que votre sens politique.
    — Mon intérêt, c’est avant tout de rester vivant : j’ai des vengeances à accomplir. Si j’enlève Caroline de Vendôme, j’aurai à faire face à Aramis ; si je tue Aramis, je devrai me battre contre vous, contre Porthos, et contre d’Artagnan. Je doute de pouvoir vous survivre à tous les quatre. Donc, mes plans ont changé : la seule chose que je souhaite, c’est que le Mazarin n’arrive pas à ses fins.
    — Soit… Mais alors, pourquoi vous en prendre à madame de Longueville et au prince de Gondi ? Vous êtes assuré qu’entre leurs mains, le Mazarin n’aura aucune chance de rattraper sa proie.
    — Mais ils renforceront alors leur pouvoir, et Retz est un serpent. Plus il devient fort, plus mon maître est en danger.
    — J’aimerais tant vous croire, Rochefort… Mais vous êtes un politique, vous regardez ces affaires avec un esprit froid. Et je crains qu’il ne vienne un moment où vos calculs vous permettent de changer d’avis à nouveau.
    — Je suis un homme, Athos. Et comme tous les hommes, mon esprit est soumis à la passion autant qu’à la raison.
    — Et quelle est cette passion qui vous domine actuellement ?
    — La haine, Monsieur… Connaissez-vous ...
    ... les raisons de ma détention à Vincennes ?
    — Vous aviez juré d’occire le Mazarin.
    — Sur ordre de qui ?
    — Beaufort.
    — Non, Monsieur… À cette heure, j’étais sottement sous le joug amoureux de la duchesse de Longueville. Elle hait le Mazarin bien plus que moi, et elle a obtenu de moi le serment que je le tuerai. Mais vous savez ce qu’il en est de la politique… Mazarin promit à Gondi la robe de cardinal ; il devait donc encore vivre un peu. Et moi, j’étais lancé contre lui tel un chien enragé contre sa proie. On m’a donc dénoncé.
    — Qui ça ?
    — Longueville elle-même, en échange de son pardon.
    — Mon pauvre ami…
    — Je hais cette femme, Athos, bien plus encore que le Mazarin. Alors, je suis des vôtres. Demandez-moi ce qu’il vous plaira.
    — Votre parole de gentilhomme.
    — Je vous la donne. Je vous jure de ne pas tirer l’épée contre vous ni contre vos compagnons, et de ne pas nuire en quoi que ce soit à Caroline de Vendôme.
    
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    Il serait tentant, pour les besoins de la littérature, de décrire Mazarin comme un sot, un fourbe, un avaricieux, un bellâtre imbu de sa personne, ivre de puissance et de fortune. Il serait tentant de faire ici même œuvre que les chroniqueurs de l’époque, de tracer un de ces portraits rédigés à l’acide ou de tremper sa plume dans un encrier empli de fiel et de rancœur. À cette époque en effet, cent libellés s’envolaient chaque matin des galeries du Pont Neuf pour fustiger l’Italien et sa politique. On appelait cela « Les Mazarinades ». Peu ...
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