Laurie et moi
Datte: 13/07/2019,
Catégories:
fh,
jeunes,
amour,
init,
nostalgie,
amourdura,
prememois,
Auteur: Olivk, Source: Revebebe
... posée sur mon ventre, à se lire des passages de livres savants sur la pêche à la truite, la peinture sur porcelaine, les pingouins de l’Arctique ou le tir à l’arc, puis on essayait de mettre en pratique (sauf pour les pingouins). Tout nous intéressait et avec nos talents conjugués, on y arrivait toujours plus ou moins.
Nos parents étaient absolument ravis : on a été très faciles à éduquer, dans le sens où on ne leur avait jamais demandé beaucoup de temps puisque ensemble, on pouvait résoudre tous les problèmes. Parfois Laurie me demandait :
— Dis Tom, pourquoi les avions ils font des longs traits blancs dans le ciel ?
Et moi, qui ne savais pas vraiment, je lui inventais une réponse :
— C’est pour mieux se voir, comme ça ils se rentrent pas dedans.
Laurie était contente, la réponse tenait debout. Alors je lui demandais à mon tour :
— Lola c’est quoi des simagrées ? La maîtresse hier elle a dit à Samuel qu’il devait arrêter avec ses simagrées.
Elle me donnait une tape parce qu’elle s’appelle pas Lola et elle m’expliquait, très sûre d’elle, de quoi il retournait et je hochais la tête avec entendement. Quelques années plus tard, on a commencé à chercher les réponses plus sérieusement mais on n’a jamais arrêté avec ce jeu.
On jouait aussi avec d’autres camarades de classe, bien sûr, mais de passer le plus clair de notre temps ensemble avait fait qu’on n’avait pas de vrais amis comme on s’en fait habituellement pendant l’enfance. Nos parents ne s’en ...
... inquiétaient pas plus que ça, on était heureux et ça allait bien à l’école – on était passés maîtres dans l’art de tricher l’un sur l’autre sans que personne n’y voie rien.
Notre bourgade était suffisamment sûre et ils nous laissaient nous balader comme on voulait. Un jour, le printemps de nos 11 ans, on a décidé d’aller nager dans un grand étang à une petite demi-heure en vélo de la ville. On y allait parfois avec l’école, il y avait des pontons en bois tout autour d’où on pouvait entrer et sortir de l’eau, mais c’était la première fois qu’on y allait seuls. Comme l’endroit était désert, on s’est baignés tout nus. On s’était vus nus plein de fois, depuis la couveuse, et il n’y avait aucune gêne entre nous. Tout à coup, j’ai entendu Laurie hurler comme une damnée et sortir de l’eau en toute précipitation :
— Y’a un truc qui me colle dessus ! Viens me l’enlever vite !
Elle pleurait et trépignait sur le ponton quand je l’ai rejointe. Elle avait une sorte de grosse limace noire collée à la cheville.
— C’est une sangsue, bouge pas je vais essayer de l’enlever… Beurk, mais c’est dégueu ce truc !
J’ai attrapé ma serviette et en m’efforçant de ne pas vomir, j’ai réussi à la débarrasser de la bestiole. À la place il restait juste un gros point rouge suintant de sang. Laurie était blême comme un linge et c’est elle qui a vomi la première. Ensuite je lui ai bricolé un bandage avec quelques sparadraps qui traînaient au fond de mon sac et un mouchoir en papier.
— On va se jurer ...