Laurie et moi
Datte: 13/07/2019,
Catégories:
fh,
jeunes,
amour,
init,
nostalgie,
amourdura,
prememois,
Auteur: Olivk, Source: Revebebe
Laurie et moi, ça a commencé très fort, avant même notre naissance. Nos parents habitaient à l’opposé les uns des autres de notre petite bourgade de province, et sans un incroyable coup du sort, nos vies auraient été totalement différentes. Le même soir, au même instant, nos papas respectifs ont conduit à tombeau ouvert nos mamans, toutes deux un mois avant terme mais déjà fort contractionneuses, haletantes et en nage, à la maternité. Tout à leurs émotions bien compréhensibles, ils ont manqué d’attention au mauvais moment et se sont rentrés dedans sur le rond-point devant la clinique. C’est donc en brancard que Laurie, moi et nos deux mamans avons parcouru les derniers mètres du parcours des combattants.
On avait été conçus la même nuit (personne ne le savait, bien sûr, mais le fait nous était acquis), nos mamans avaient donc toutes les deux 31 jours d’avance sur le calendrier et, finalement, on était nés à même minute : 21 h 34 précises. On a ensuite passé un petit mois dans nos couveuses, côte à côte dans la chambre des prématurés. Quand l’heure est venue pour nous de rentrer dans nos nouvelles maisons, on était déjà les meilleurs amis du monde.
Nos papas n’avaient pas tout de suite pu nous suivre après la collision. La police était venue et il avait fallu répondre à des questions, souffler dans des ballons et remplir des formulaires. Quand ils en ont eu fini de leur côté, du nôtre l’action était déjà terminée. Du coup chacun a passé un moment avec sa petite famille ...
... à lui et un moment plus tard, ils sont allé se vider quelques verres bien tassés au bar d’à côté. Le papa de Laurie avait – et a toujours – une petite entreprise de construction qui marchait bien et le mien cherchait du boulot à ce moment-là. Ils se sont assez vite associés.
Nos mamans étaient devenues amies aussi, et Laurie et moi on se voyait plusieurs fois par semaine. Au début, on passait beaucoup de temps dans les bras des mamans, ou sur la couverture en peau de mouton, ou dans la pelouse du jardin, sans qu’il y ait trop d’interactions entre nous deux. Mais quand on a commencé à pouvoir se déplacer de façon autonome et à exprimer nos opinions, c’était fini : on ne pouvait plus nous séparer.
Il n’y avait qu’une seule école dans notre commune, on a donc partagé le même banc d’école dès le premier jour. Et alors que beaucoup d’enfants n’aimaient pas aller à l’école, nous on adorait ça. Du moment qu’on était ensemble, on aurait pu nous faire nettoyer à la main toutes les rues de la ville par un temps de cochon, on aurait été heureux de le faire.
On a eu ce qu’on appelle une enfance dorée. On partageait tout, on faisait tout ensemble, Laurie la littéraire faisait mes devoirs de français et d’histoire pendant que moi, Tom le scientifique, faisais ses devoirs de maths, et on ajoutait juste ce qu’il fallait de petites fautes pour brouiller les pistes. On s’amusait à apprendre plein de choses : on passait des heures et des heures couchés dans les hautes herbes, sa tête ...