1. Tout se joue le 18 juin.


    Datte: 26/04/2024, Catégories: f, h, cérébral, fantastiqu, Auteur: Aventurine, Source: Revebebe

    ... vois. Pourtant, l’intrusion ne dure que quelques fractions de secondes. L’objet pénètre en trombe par l’orifice du toit et heurte au passage l’une des planches. Il dévie alors de sa trajectoire et atterrit dans le foin presque silencieusement. Ce mouvement inattendu a fait taire mon chat, qui déguerpit sans demander son reste. Seules les volutes de poussière qui s’élèvent alors du grenier trahissent une présence mouvante dans les bottes soigneusement empilées. J’éteins le poste d’un geste et quitte sans regret ma remorque inconfortable. Le cœur battant à tout rompre, j’avance vers l’échelle appuyée contre le plancher du fenil. Aucun son ni mouvement n’émane du point d’atterrissage. Mes mains terreuses enserrent nerveusement les montants de l’échelle et je me hisse prudemment sur les barreaux de bois. Le visage enfin parvenu à hauteur des premières bottes, je balaie du regard l’empilement des cubes dorés.
    
    A deux mètres de moi, sur le plancher, mon regard est attiré par un petit objet oblong. Sa course s’est terminée dans l’étroit intervalle séparant deux bottes, entre lesquelles il est planté à la verticale. Arrivé au sommet de l’échelle, je m’avance lentement en veillant à ne faire craquer aucune latte du plancher. Je baisse les yeux vers l’étrange apparition. De par sa taille et sa forme, l’objet me rappelle un canif, semblable à celui que je porte toujours sur moi pour mes tâches du quotidien. Celui-ci est blanc avec une zone mauve pastel à l’une de ses extrémités. De la ...
    ... pointe de mon soulier, je déplace légèrement l’engin, qui glisse et tombe à l’horizontale. Rien ne se passe, il ne s’envole pas et semble avoir coupé son moteur. A la fois intrigué et amusé, j’imagine alors des milliers d’êtres minuscules sortir en file indienne de ce vaisseau. Les aventures des Lilliputiens m’ont tellement captivé.
    
    Me baissant avec précaution, je saisis le petit canif entre le pouce et l’index puis le pose sur ma main ouverte sans cesser de le contempler. Il dégage une chaleur bien perceptible sur ma paume moite. J’observe ma trouvaille plus attentivement et remarque qu’aucune ouverture ne vient percer sa surface métallique luisante. De plus en plus perplexe, je m’assieds sur une botte à proximité et, les yeux toujours posés sur l’objet, me surprends à lui demander :
    
    — Tu es venu sauver le monde avec nous, alors ? Je ne suis peut-être pas de taille à le faire, mais toi, excuse-moi… Encore moins !
    — Aaaaaaaah… J’en peux plus !
    
    C’en est trop, il va falloir que je ralentisse si je veux tenir le coup. Je n’aurais pas dû commencer sur les chapeaux de roues. Vautré sur ma chaise, je contemple avec consternation la demi-douzaine de classeurs empilés face à moi sur la table de mon appartement d’étudiant. Gestion, droit, sciences politiques… Nous sommes déjà en juin, c’est là le drame. Sachant qu’Anthony a noirci en moyenne deux classeurs par mois de feuilles grands carreaux, recto verso, depuis septembre dernier, et qu’il doit en assimiler le contenu dans ...
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