1. Le substitut


    Datte: 21/03/2024, Catégories: fh, entreseins, Oral pénétratio, fsodo, mélo, Auteur: Roy Suffer, Source: Revebebe

    ... multimédia, l’Internet, etc. Il veut en faire « le cœur battant de l’établissement ». Pas mal, non ? Évidemment, je suis concernée au premier chef et j’avoue que ça me paraît très intéressant.
    
    C’est bien pour elle qu’elle retrouve un certain intérêt à son travail, ça l’aidera à oublier, ou du moins à franchir le cap d’une reconstruction difficile. Mais, au fil des semaines, force m’est de constater certains changements dans son comportement. La tenue vestimentaire d’abord, oublié, le caleçon gris et le vieux gilet, place au tailleur noir, ou bleu marine, ou anthracite à fines rayures. Le langage ensuite, plus soigné et presque ampoulé. Elle ne parle plus de bouquins, mais d’ouvrages. Sa disponibilité se réduit également.
    
    — Ah, je voulais te dire, dit-elle en sortant un agenda de sa sacoche, mercredi prochain j’ai une réunion de préparation des travaux que nous allons engager. Impossible de la placer ailleurs que le mercredi après-midi, les autres jours, les élèves sont là. Oui parce que, avant même de recevoir les subventions demandées au Conseil Régional, le Proviseur souhaite entamer rapidement avec nos moyens propres. Il veut aller vite et marquer les esprits. C’est vraiment un battant.
    
    Plus tard, ce sont les travaux qui sont engagés par les agents de l’établissement. Ils vont casser des cloisons, elle doit protéger les ouvrages en scotchant des bâches de nylon. Ensuite, il faut déménager, réemménager, réorganiser, informatiser le fonds documentaire, etc. Si ...
    ... bien que nous ne nous voyons plus qu’environ une fois par mois jusqu’au printemps. Aux vacances de février, faute de congés, nous prenons, mon épouse et moi, deux week-ends prolongés, histoire d’emmener et de retourner chercher les enfants au Lavandou. Trois mille bornes en quinze jours ! Au retour, je reçois un message de Mathilde qui m’invite… mais pas chez elle. Dans un pub soi-disant irlandais, avec des salons à l’étage servis par un bar d’acajou et de laiton où coulent bières et whiskies d’exception. L’endroit est feutré et cosy, très agréable. À la regarder, le teint hâlé un peu jaunâtre avec le tour des yeux blanc, elle n’a pas passé les vacances dans sa forteresse. D’un coup, je comprends tout.
    
    — Je voulais te faire connaître cet endroit. Sympathique, non ?
    — Tout à fait, réponds-je en sirotant mon « Glenhemorragy » de quinze ans d’âge, un délice.
    — C’est pour te remercier de tout ce que tu as fait pour moi. Tu es vraiment un homme très gentil, très serviable et un excellent amant, de surcroît.
    — N’en fais pas trop, va droit au but.
    — Eh bien, je… euh… comment dire…
    — Tu as un nouvel amant et cet amant est ton proviseur, c’est bien ça ?
    — Quoi ? Comment tu sais ? Ça se dit déjà ?
    — Mathilde… Il aurait fallu un pub écossais pour m’appeler Sherlock Holmes. Pas la peine d’être un grand devin. C’était bien les vacances à la neige ?
    — Merveilleux… Je suis désolée, mais…
    — Oui, je sais. Inutile d’en dire plus, et pour te rassurer je t’avoue que quelque part ça ...