Le substitut - Histoires de Sexe

Le substitut

... sa place et imagine sa détresse.

C’est peu après le premier anniversaire du décès d’Hubert que les choses basculent. En ce mercredi de fin juin, j’arrive chez Mathilde et la trouve… transformée. Plus de vilain caleçon et gilet bleu, il est vrai qu’il fait déjà chaud, mais une petite robe d’été, courte, légère et colorée, un soupçon de maquillage discret et un chignon domestiquant sa tignasse auburn. Sourire aussi, citronnade sur la terrasse, un vrai moment agréable.

— Jérôme, en toute sincérité, que penses-tu de moi ?
— Je trouve que tu vas mieux, beaucoup mieux, et ça me ravit.
— Oui, c’est un peu vrai. Le temps est le meilleur des pansements, même sur des plaies très profondes. Mais ce n’est pas ce que je voulais dire. Je voudrais savoir ce que tu penses de moi en tant que femme, comment tu me vois, ce que je t’inspire, tout ça…

Oui, alors là, je ne m’attendais pas à celle-là. Et je suis un brin décontenancé. Mon unité centrale mouline à toute allure. En fait, je n’ai vu jusque là en Mathilde que la femme d’Hubert, puis la veuve d’Hubert. Une amie par ami interposé. Une personne que j’ai envie d’aider par respect pour la mémoire du défunt. Je ne l’ai jamais regardée comme une femme, je n’ai jamais éprouvé pour elle qu’amitié et compassion. Qu’est-ce que je dois répondre ? Des trucs qui lui fassent plaisir, mais sans trop pour ne pas qu’elle se fasse des idées. Mais c’est vrai, en plus, qu’elle est plutôt mignonne, plutôt jolie et plutôt généreuse de formes bien ...

... que… molle. Oui, c’est ça. Pas grasse, encore moins grosse, mais son corps semble tendre, dépourvu de tonicité, sans marques de muscles ou de tendons. Je ne peux pas lui dire ça, alors j’improvise.

— Eh bien, je, euh… c’est difficile à dire comme ça, à brûle-pourpoint, mais… Je trouve que tu es une femme encore très jeune, agréable à regarder, très cultivée, intelligente… Bref, une femme tout à fait en mesure d’envisager une nouvelle vie.
— Mouais, ça, il n’en est pas question. Du moins pas pour l’instant. Tout est encore trop frais et douloureux. Tu vois, je ne suis pas en état de refaire ma vie, comme on dit. Pas capable de retomber amoureuse. En revanche, la nature a ses exigences. Je suis « en jachère » depuis un an et demi, et c’est quelque chose qui me pèse. Il faut que tu saches quelque chose. Quand j’ai débarqué dans cette colo que tu connais, j’étais une fille ordinaire, qui avait flirté, eut quelques aventures sans lendemain, comme les copines, banale, en somme. La femme d’Hubert était partie deux mois dans sa famille aux Antilles avec leur fille. Et quand Hubert m’a draguée, je me suis dit pourquoi pas, une aventure d’un mois, donc sans suite, avec un type sympa et plutôt pas mal, je me suis laissée faire. Mais le bougre n’était pas un de ces jeunots que j’avais connus, il avait déjà une solide expérience des femmes. Peut-être grâce à la sienne, on dit les Antillaises très chaudes. Pour moi, ça a été une révélation. Il m’a révélée à ma vraie nature, sexuellement ...