Artiste... mon cul, oui ! - I - Histoires de Sexe

Artiste... mon cul, oui ! - I

... l’ai caressée, et, évidemment, on a honoré son retour sur le divan. Ensuite, elle a commandé deux pizzas qu’on a dévorées à poil sur son divan.

— C’est vraiment moche.
— Je sais. Pourtant, paraît qu’y en a qui aime.
— Ouais. J’comprendrais jamais rien à l’art, m’avoua-t-elle en regardant ce que je venais de d’étaler sur trois toiles.
— Heureusement que t’es pas critique sinon j’serais dans une belle merde !
— Heureusement que je t’aime sinon j’serais vraiment dans la merde, me balança-t-elle du tac au tac.

Cet aveu ne me surprenait guère, aussi :

— Moi aussi. Pour preuve, y’a deux brosses à dents dans ta salle de bain.
— Nôtre. T’es ici chez toi, tu sais.
— J’avais cru comprendre.

Je suis parti du jour au lendemain, abandonnant tout à Béa, cette femme plus intéressée par le fric que par celui qui le gagnait. Elle m’a laissé une tonne de messages que j’effaçais sans ne plus prendre la peine de les écouter. De toute façon, c’était toujours la même rengaine : « T’es où ? Tu rentres quand ? Sinon tu pourrais pas m’envoyer un peu de fric, j’suis à sec là ». Connasse !

Pas comme elle. Elle qui ne demandait rien de plus que ma présence. Elle qui m’hébergeait sans arrière-pensée. Elle qui a su révéler mon vrai moi : un peintre à chier, mais un type ordinairement fou amoureux.

ooOoo

J’ai squatté chez elle durant trois semaines sans sortir, passant mes journées sur le canapé. Trois semaines à coucher merde sur merde sur des toiles que je faisais livrer ...

... après avoir eu le plaisir d’entendre ce qu’elle en pensait :

— C’est vraiment de plus en plus moche !
— Ouais, mais grâce à toi ça se vend comme des petits pains. Avant, j’étais sans talent et inconnu, mais depuis toi, j’suis l’type que tout le monde veut.
— Oui, n’empêche que si une pétasse te drague, j’lui explose la tronche.
— Oh !, mais c’est qu’elle est jalouse la critique d’art !
— Jalouse ! Non… mais sur ses gardes.
— T’inquiètes, j’suis fidèle.
— T’as plutôt intérêt sinon j’t’arrache les couilles. Après lui avoir pété sa gueule évidemment.
— Violente en plus d’être belle comme un cœur !
— T’imagines même pas. Alors, n’essaye même pas de…
— Hé ! Même pas en rêve, je pense à une autre, OK ?
— … OK ! me répondit-elle après un long silence. Mais, tiens-toi-le pour dit.
— Dit et sans raison d’être.

Elle m’a jugé, d’abord interdite, puis un large sourire a illuminé son visage.

Putain qu’elle est belle lorsqu’elle sourit ! Jamais Béa ne m’a décoché un tel bonheur. Jamais je n’avais ressenti un tel aveu. Elle rayonne tellement lorsque sa bouche exprime son bonheur qu’elle traverse tout mon être. Elle seule a su transpercer mon corps jusqu’à atteindre le cœur. Elle seule le pouvait, et l’a fait. Elle qui m’a conquis sans le vouloir. Elle qui m’a ouvert au monde. Elle qui m’a accueilli tel je suis. Elle, cette femme libre et fière de l’être et qui aujourd’hui est dépendante de moi autant que je le suis d’elle.

On est aussi complémentaires que seuls sans ...