1. Mahoko


    Datte: 11/03/2024, Catégories: fh, asie, Collègues / Travail amour, rencontre, amouroman, Auteur: Roy Suffer, Source: Revebebe

    ... mettent un peu ça sur le compte du saké. C’est la première fois que cette perle m’enlace ainsi et j’adore ça. J’en rajoute un peu pour que ça dure, façon Bourvil dans le « Mur de l’atlantique ». Le minibus les remmène à l’hôtel puis nous au bureau. Sur le parking, où il fait nuit noire, j’attire de nouveau Mahoko contre moi et la serre très fort dans mes bras.
    
    — Je sais à qui je dois cette réussite. Merci infiniment et bravo. Vous souhaitiez un emploi à temps complet, eh bien, vous l’avez. Vous êtes en charge exclusive du dossier japonais. Je fais votre contrat demain matin.
    — Je… je suis très sensible à cette marque de reconnaissance et de confiance. Cependant, laissez-moi un peu de temps pour réfléchir. Et puis j’ai pris des engagements, bien avant de travailler pour vous, que je dois tenir.
    — Pas chez un concurrent, j’espère, dis-je un peu décontenancé.
    — Oh non, il s’agit de cours pour des gens qui doivent aller au Japon.
    — Et… ça va durer longtemps ?
    — Non, un mois, six semaines tout au plus.
    — Mais, s’ils appellent entre temps, comment je fais ?
    — En cas d’urgence, appelez-moi et je me débrouillerai.
    — Bien, comme vous voulez… J’espère n’avoir rien fait qui vous ait contrariée, sinon je m’en excuse, c’était involontaire.
    — Non, pas du tout. Mais… je ne m’attendais pas, je n’étais pas préparée. Je pensais que notre collaboration se terminait ce soir… Vous me prenez de court.
    — Je vous prie de bien vouloir m’excuser.
    — Non, c’est moi qui vous présente ...
    ... des excuses, mon attitude doit vous paraître irrespectueuse et ingrate. Ce n’est pas le cas. J’ai beaucoup donné pour ce projet, j’ai besoin d’un peu de recul. Je ne sais pas si je suis faite pour vivre enfermée dans un bureau.
    
    Je la ramène chez elle sans desserrer les dents. Je viens de me prendre un râteau d’une taille à étaler la dune du Pilat. Je l’accompagne jusqu’à sa porte et la salue de trois courbettes qu’elle me rend. Deux grosses larmes coulent sur ses joues…
    
    Sixième semaine… six semaines sans elle, sans la voir, sans l’entendre. Six semaines avec une boule de bowling dans l’estomac, à tourner autour du téléphone au bureau comme à la maison sans oser le décrocher. J’en suis malade, j’ai perdu deux kilos. Entre-temps, Édouard va un peu mieux. Nous nous voyons pour préparer le CA. Sa « caille » semble s’être un peu calmée à mon égard, heureusement parce que ce n’est pas le moment. Plus l’échéance des six semaines approche et plus je suis nerveux. Je lui avais fait parvenir dès le lendemain un chèque correspondant à son contrat, augmenté d’une prime presque équivalente pour le caractère exceptionnel du service rendu. Pas même un coup de fil ou un mot de remerciement. Rien. Si ça se trouve, elle est partie au Japon avec ce fric… Vendredi. Si elle n’appelle pas aujourd’hui, dès lundi je lui ferai un message professionnel pour savoir si elle accepte ou non l’emploi proposé. Elle n’est même pas venue fêter au champagne la signature du contrat avec toute la boîte en ...
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