Mahoko
Datte: 11/03/2024,
Catégories:
fh,
asie,
Collègues / Travail
amour,
rencontre,
amouroman,
Auteur: Roy Suffer, Source: Revebebe
... récompense des efforts accomplis. Tout le monde s’est étonné de son absence, avec un stoïcisme nippon j’ai expliqué qu’elle avait pris d’autres engagements, mais qu’elle reviendrait bientôt. Et puis « loin des yeux, loin du cœur », les gens ont vite oublié et sont passés à autre chose. Pas moi. Peu avant midi, mon téléphone tinte.
— Madame Karstein pour vous…
— Je prends… Allô ? Bonjour Mahoko.
—Bonjour, Monsieur. Serait-il indécent de ma part de vous inviter à dîner ?
— Ma foi, je n’y vois aucun inconvénient. Nous avons des choses à mettre au point…
—Tout à fait. Quand pouvez-vous ?
— Quand vous voulez.
—Ce soir, ce serait possible ?
— Absolument. Où voulez-vous ?
—Chez moi, si vous n’y voyez pas d’inconvénient.
— Aucun, alors à ce soir…
Ma main tremble quand je raccroche le combiné. Au diable le boulot et le prochain conseil, je prends mon après-midi. Comme les trois quarts de la boîte du reste, avec ces fichues RTT. Quand on va chez une dame, qu’est-ce qu’on apporte ? Des fleurs ? Des chocolats ? Du vin ? Allez, va pour les trois. Vingt-cinq roses rouges, un coffret de Marcolini et une bouteille de Dom Pérignon. Excessif, c’est sûr, mais très européen. Tant pis.
Je couche les fleurs sur mon bras en tenant le sac de chocolats de la main, de l’autre je parviens à sonner en tenant la bouteille par le goulot. Elle ouvre, pieds nus, simplement vêtue d’un kimono de soie bleu nuit qui fait ressortir la pâleur de sa peau. Je pose mes deux paquets sur le sol de ...
... l’entrée avant de lui tendre le bouquet à deux mains, comme il se doit. Courbettes répétées trois fois avant que je ne quitte mes godasses.
— Vous me gâtez, c’est magnifique, mais c’est beaucoup trop, je ne le mérite pas…
— Le privilège de passer une soirée avec vous est un cadeau bien plus somptueux… Si je puis me permettre, vous m’avez beaucoup manqué.
— Je ne devrais pas le dire, mais c’est réciproque.
Ça sent bon la cuisine raffinée. La table est déjà couverte d’une multitude de petits bols et coupelles appétissants. Elle a repoussé deux chaises contre les murs, ce sera donc un tête-à-tête.
— Voulez-vous que j’ouvre le champagne ?
— Non, laissons-le se reposer au frais, nous le boirons en fin de repas, si vous voulez bien. J’ai préparé du thé. Mais vous pouvez prendre un apéritif, votre whisky préféré vous attend au salon. J’ai encore un peu de cuisine à faire…
Elle a soigné la soirée dans les moindres détails, semble-t-il. Par l’ouverture rectangulaire de la cuisine, je la regarde en buste s’affairer, tout en sirotant mon whisky. Mon souvenir n’est pas à la hauteur de sa beauté, elle est vraiment sublime. Nous passons à table.
— Vous avez réfléchi à ma proposition ?
— Les contrats se discutent après le saké, vous savez bien, en l’occurrence, le champagne, ironise-t-elle.
Tout est délicieux et en toute petite quantité. Comme au Japon, seuls les bols de riz sont individuels. Pour le reste, nous piochons alternativement nos parts dans les récipients, ...