Mahoko
Datte: 11/03/2024,
Catégories:
fh,
asie,
Collègues / Travail
amour,
rencontre,
amouroman,
Auteur: Roy Suffer, Source: Revebebe
... Par exemple, j’avais envisagé que vous puissiez m’appeler pendant le week-end et je m’étais juré de ne pas vous répondre. D’où ce message sur mon répondeur. Mais la fête foraine, je n’ai pas pu résister, j’adore.
— Et vous regrettez ?
— Pas du tout. Mais je me suis demandé en rentrant si c’était bien pour la fête foraine que j’avais accepté votre invitation. Vous me faites dire des choses que je ne devrais pas…
— Pardonnez-moi de vous mettre dans l’embarras, dis-je en baissant les yeux et en m’inclinant trois fois.
— Bien ! Vous apprenez vite. Bon, maintenant soyons clairs, à la mode européenne, OK ?
— OK !
— Je vous plais, vous me plaisez, je le reconnais. Je suis bien en votre compagnie, d’ailleurs, je viens ici pour pas grand-chose et vous me payez juste pour être là. Nous en sommes tous les deux conscients. Mais les choses vont trop vite. Il y a à peine une semaine que nous nous connaissons. Laissons le temps au temps et menons votre projet à bien, si possible. Après on verra. D’accord ?
— Vos propos sont en train de dissoudre une grosse boule que j’avais dans la gorge. J’avais l’impression d’être amoureux d’un mur…
— Eh ! Eh ! Là, vous allez beaucoup trop vite en parlant déjà d’amour.
— Mais non, je vous assure. À trente-cinq ans, je sais de quoi je parle. Je sais la différence entre avoir envie d’une femme et être amoureux d’une femme. Je vous assure que je n’ai pas pour seul objectif de coucher avec vous. Depuis que je vous connais, je suis touché par la ...
... grâce, vous réunissez tout ce qui me séduit chez une femme. Vous êtes diaboliquement belle, prodigieusement intelligente, agréable, flegmatique… Je n’ai jamais ressenti ça, jamais à ce point…
— Tsss ! Tsss ! Stop ! Je vous arrête, ne vous emballez pas, vous n’êtes pas objectif parce que vous allez trop vite. Prenons le temps de nous connaître. Ouvrez les yeux, Jérôme. Je ne suis rien, rien qu’une métisse, mi-Européenne, mi-Asiatique. Je ne suis pas belle, de trop gros seins, un gros derrière, les pieds en dedans, un menton trop carré, des épaules trop larges. Ouvrez les yeux, que diable ! Regardez-moi comme je suis et non pas comme vous voudriez que je sois. Vous seriez déçu. En plus, vous me croyez intelligente, mais ça se saurait, j’aurais un boulot brillant comme vous. Au lieu de ça je vis d’expédients, de petits boulots, quelques cours par-ci, quelques traductions par là, quelques interventions en entreprise comme ici, mais rien de vraiment sérieux et l’angoisse permanente du lendemain, du loyer, de l’électricité, du téléphone. Je n’ai pas de voiture et heureusement, je serais trop souvent incapable de l’entretenir. Je sais juste manier quelques langues et je maîtrise à peu près deux civilisations. Mais ce n’est qu’un vernis, obtenu sans mérite. Mon père était suédois et m’a appris le suédois. Ma mère était japonaise et m’a appris le japonais. Tous deux avaient des amis anglais et américains et j’ai appris l’anglais. Quand je suis arrivée en France, j’ai appris le français, ...