Mahoko
Datte: 11/03/2024,
Catégories:
fh,
asie,
Collègues / Travail
amour,
rencontre,
amouroman,
Auteur: Roy Suffer, Source: Revebebe
... et de déviations, nous voilà paumés en rase campagne juste pour faire dix kilomètres. Des routes presque moins larges que la voiture, et pas un panneau bien entendu. Enfin, au bout d’un quart d’heure, voilà un patelin.
— Oh, regardez comme c’est charmant, s’exclame Mahoko. Vous pouvez vous arrêter un instant ?
Petit bourg paisible, grande place couverte de marronniers dont les feuilles commencent à tomber, équipée d’anciennes lices et d’une bascule pour la foire aux bestiaux, un charmant petit pont de pierre voûté sur un cours d’eau paisible, des bistrots, des petits commerces, des bancs, des gens, un lieu hors du temps où il semble faire bon vivre, comme à la campagne. Et enfin une pancarte pour notre direction. Mais mon Eurasienne n’en finit pas de laisser son regard errer sur les maisons qu’elle trouve adorables. Finalement, après un détour de douze, nous retrouvons nos dix kilomètres pour rejoindre le restaurant avec un peu de retard. Nous nous excusons, expliquant notre mésaventure.
— Ah oui, ils vous ont renvoyé sur Bracôme, enfin, maintenant le quartier Bracôme.
— Pourquoi ?
— Parce que Bracôme a été absorbé par Lurtins, trop petit, et puis ça se touche. Économies, économies. Plus de mairie à Bracôme…
— Dommage parce que c’est vraiment charmant, commente ma compagne.
— Ben, je veux, tellement que ça aurait dû être le contraire. Remarquez, il y a aussi des quartiers sympas à Lurtins, mais il y a également les zones commerciales, artisanales, tout le ...
... bataclan habituel, quoi. Et puis des HLM. Alors que Bracôme, ce n’est que du résidentiel. Faut dire que Bracôme se trouvait en plein bocage, zone d’élevage, avec un sacré marché aux bestiaux. Y avait pas que des pauvres.
— Ah oui, alors. J’adore, vraiment.
— Eh ben tiens, y a même des affaires à faire si vous avez un peu de sous. L’école est à vendre, enfin, école-mairie, comme autrefois dans les campagnes. Faut voir avec la mairie de Lurtins, maintenant. C’est eux qui vendent, peut-être pas trop cher, faut voir. Mais y a des travaux, c’est sûr, une école reste une école. Qu’est-ce que je vous sers ? Menu ? Carte ?
— Le meilleur du chef, on te fait confiance.
— Alors c’est parti !
Le repas est excellent, mais Mahoko semble pressée d’en terminer. Je n’ai même pas à lui poser de questions, je remets le cap sur Bracôme. Nous nous arrêtons sur la place, en quelques pas de promenade nous trouvons le vieux fronton XIXe « République française – Mairie-École publique ». Le mur d’enceinte est en pierres avec des grilles grises, le portail est fermé, mais pas le portillon grinçant. J’entre.
— Oh ! Mais il ne faut pas…
— Ce n’est pas privé, c’est un établissement public. En plus, ce n’est pas fermé et nous ne faisons rien de mal, que jeter un coup d’œil…
Les bâtiments sont traditionnels, marqués du style Jules Ferry, rendant l’école obligatoire pour tous. Un gros bâtiment carré d’un étage, logement des instituteurs « hussards de la république » et dont la moitié du ...