1. Mahoko


    Datte: 11/03/2024, Catégories: fh, asie, Collègues / Travail amour, rencontre, amouroman, Auteur: Roy Suffer, Source: Revebebe

    ... avec les baguettes dont je n’ai pas oublié le maniement. Beignets de crevettes, petits sushis, lames de poisson cru marinées, algues bizarres, tout est délicieux, mais le silence est lourd. Quand je suis rassasié et que je refuse poliment un peu plus de riz, je tente une amorce :
    
    — Vous êtes en plus une cuisinière remarquable, merci, c’était absolument délicieux.
    — Oh non, je n’arrive pas à la cheville de ma mère dans ce domaine.
    
    Bon, va te faire voir. C’est mal engagé mon affaire… Espérons que le champagne la détende un peu. J’ouvre la bouteille et nous sers. Elle adore, je lui maintiens le niveau. Pour accompagner le breuvage, elle ouvre le coffret de chocolats.
    
    — Oh là là ! Comme c’est bon ! Moi qui suis déjà grosse comme un bœuf de Kobé, ça ne va pas m’arranger…
    — Mahoko ! Vous ne pouvez pas dire ça, vous êtes sublime.
    — Ha-ha-ha ! Six semaines ne vous ont pas suffi pour ouvrir les yeux. Jérôme-San, je m’assois sur les conventions et je vous parle très directement, comme pourrait le faire une Française. Je sais bien que vous éprouvez de l’attirance pour moi, je ne suis pas aveugle. Et moi aussi, je suis très attirée par vous. C’est pour cela que j’ai voulu prendre du recul, ne pas tomber stupidement tête baissée dans une pauvre histoire sans lendemain. J’ai bien tout analysé, du moins je crois, et voici ce que je pense : je suis très sensible et honorée par votre intérêt pour moi, mais je ne suis pas à la hauteur, vous méritez bien mieux.
    — Comment cela, pas ...
    ... à la hauteur ? Voyez ce que nous avons fait ensemble ? C’est bien à vous que je le dois.
    — Mais non Jérôme-San. Je ne suis que l’interprète dans cette histoire. Tout le mérite vous en revient. Je n’ai fait que traduire vos propos ou vos écrits, ce qu’un ordinateur fera dans très peu de temps aussi bien.
    — Bla-bla-bla. Vous avez fait bien plus que cela. Vous m’avez guidé, initié, fait comprendre le fonctionnement d’une société japonaise. Vous m’avez permis de m’adapter, de faire les bons choix, d’avoir les bonnes attitudes. Vous avez été à l’origine de la transformation de l’entreprise, vous vous êtes complètement impliquée. Si vous n’avez servi à rien, alors que devrais-je dire de moi-même ? C’est simple, sans vous c’était ce qui s’est passé avant : proposition retoquée, sans suite. Et puis ça m’agace que vous sous-estimiez ainsi la femme que j’aime. Voilà, c’est dit.
    — Eh oui, c’est bien là le problème. Vous me regardez avec les yeux de l’amour ou du désir, mais pas avec lucidité.
    — Mahoko, vous avez brièvement fait la connaissance d’Édouard, qui vous tient lui aussi en grande estime. Mais vous avez également aperçu sa courge d’épouse. Voilà quelqu’un qui n’est pas à la hauteur et ne le sera jamais, quelqu’un qu’Édouard cache au fond de sa campagne parce qu’il en a un peu honte, quelqu’un que jamais il n’aurait pu faire travailler avec lui. Nous, nous avons fait équipe, et une équipe aussi efficace qu’agréable. Alors non, vous n’êtes pas et ne serez jamais une Amanda, et ...
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