Nutella
Datte: 17/02/2024,
Catégories:
fh,
inconnu,
magasin,
Oral
préservati,
pénétratio,
portrait,
occasion,
Auteur: Amarcord, Source: Revebebe
... d’Archimède : tout corps féminin brusquement plongé dans un environnement glacé reçoit aussitôt une poussée involontairement proportionnelle de protubérances sous le tissu. Ça commençait à bien me plaire, le supermarché.
Pour le reste, c’était sans surprise, à part celle de cette fraîcheur bienvenue. Les prix étaient sacrifiés, les offres à saisir, la générosité envahissante. Les rouleaux de papier cul se vendaient pour trois fois rien par lots de 64. Ça m’a fait douter de la normalité de mon propre transit intestinal. La sono déversait un flot de muzak à chier, c’était peut-être ça la vraie raison. Et puis de temps en temps, une insupportable voix enjouée d’animateur de camping nous enjoignait de nous précipiter au rayon spiritueux pour la «happy hour » sur les dames-jeannes de Sangria. Il y eut deux exceptions dans ces appels au micro : la première appelait Francine en renfort caisses ; la seconde priait quiconque ayant trouvé une clef porteuse du logo Renault de la rapporter à l’accueil. J’ai éprouvé un bref moment de compassion pour la gonzesse qui m’avait recommandé une visite chez les Grecs. Et puis cette idée fugace m’a inspiré, par cette chaleur : un concombre, des tomates, une feta, de préférence plus hellène que hollandaise ou danoise, des olives noires, un poivron vert, un gros oignon rouge, un flacon d’huile d’olive de qualité, et puis tiens, la touche personnelle… un bouquet de menthe. Ça devrait le faire.
Ça s’est bien passé aux caisses.
— Tiens, vous ...
... avez pas pris du Nutella ? a fait l’hôtesse. Vous êtes bien le seul.
Non, en effet. Et puis non, je n’avais pas la carte. Non, je ne la voulais pas. Non, je ne voulais pas non plus les timbres à collectionner pour le nécessaire à raclette en pleine canicule. Merci – au revoir – y’a pas de quoi – bonne journée.
Et puis, après avoir balancé le sac réutilisable dans ma bagnole, j’ai vu la nénette qui était toujours là, dépassée, anéantie, aussi déconfite et dégoulinante de sueur que ses surgelés.
— Ça s’arrange pas ?
Elle a pas répondu, juste fait non de la tête. Et comme je ne suis pas rancunier, ça m’a fait mal pour elle, cette solitude face aux petites cruautés de l’existence. C’est sûr que rester en rade sur un parking de supermarché, c’est pas tout à fait la même chose que trembler sous les bombes, mais ça ressemble malgré tout à la misère.
— Vous avez une urgence, des choses à faire au boulot ?
— Non, pas tout de suite, heureusement, là j’avais deux jours de récup’. J’en ai même pas profité. C’est rien, vous êtes gentil, je vais appeler un taxi pour aller récupérer le double à la maison.
— C’est loin ?
— Quoi donc ?
— Votre domicile. Je n’ai pas de projets pour la journée, à part glander, alors si ça peut vous aider… Je vous drague pas comme un gros lourd, je rends service, c’est tout. Parfois, quand tout part en vrille, on a besoin d’un petit coup de main désintéressé. J’en sais quelque chose.
Son visage s’est animé, et c’est là que je l’ai vraiment ...