1. Modèle de femme


    Datte: 30/01/2024, Catégories: fh, complexe, école, amour, cérébral, Voyeur / Exhib / Nudisme nonéro, portrait, rencontre, Auteur: Mlle Fanchette, Source: Revebebe

    ... satisfait de son travail :
    
    — La courbe ici n’est pas juste, mais je n’ai pas réussi à la corriger.
    — Il n’y a pas grand-chose à reprendre pour que ça fonctionne, observe Garance. Essaie de retracer la ligne du dos en la creusant un peu plus à ce niveau-là. Celui-ci est très bien, c’est chouette que tu aies commencé à ajouter le décor ! D’autant qu’en cinq minutes, c’est court !
    
    Je regarde le dessin de ma pose renversée. Il a ajouté des coussins, comme si je basculais d’un lit. Yvan semble un peu embarrassé en répondant :
    
    — Ça m’a paru une évidence, je pensais à une toile de Delacroix.
    
    Garance poursuit son inventaire, félicite Yvan pour sa technique, l’interroge sur sa formation, veut savoir ce qui l’intéresse dans le cours. J’avoue être tout ouïe, mais ce n’est naturellement que simple curiosité… Et puis je suis contente, quand il annonce son métier, d’avoir deviné juste en le comparant à Jacques Martin.
    
    La prof va voir un peu plus loin et le dessinateur semble tout à coup me remarquer alors que je survole les croquis. Il me fait un sourire un peu désolé avant de s’excuser.
    
    — Ils ne rendent pas justice à l’original, j’en suis navré.
    
    Mes joues s’échauffent sous le compliment. Pourtant, je l’entends souvent et le dis aussi fréquemment. Le nombre de fois où j’ai amoché d’un coup de crayon malencontreux ce pauvre Lucas avec qui je m’entends particulièrement bien !
    
    Venant d’Yvan, ça me touche différemment, c’est étrange. Ce doit être sa modestie ...
    ... d’artiste alors qu’il a une telle maîtrise : il lie avec excellence l’œil et la main pour rendre la réalité, sans pour autant abandonner une touche personnelle. Ce n’est pas ce travail de photocopieuse qu’on trouve un peu partout où des as du crayon de couleur ou autres vous reproduisent des photos au quart de poil. Non, son tracé est vivant, fluide, mais réaliste. Le portrait qu’il a fait me bluffe, je dois l’admettre. Je me reconnais, mais en mieux dans son travail au pastel à la douceur digne des lithographies de Mucha sur les Arts.
    
    — Sur celui-ci, il y a quelque chose que je n’arrive pas à saisir, m’explique-t-il avec le plus grand sérieux en suivant mon regard.
    
    J’éclate de rire en me tournant vers lui :
    
    — T’es sérieux ? Attends, mes miroirs n’ont jamais été aussi sympas ! Tu as un niveau de dingue !
    
    Il rit à son tour et la discussion s’engage avec légèreté. J’aime bien sa voix posée et profonde. Hélas, Garance bat déjà la reprise…
    
    J’abandonne Yvan pour filer m’isoler en quatrième vitesse, histoire de n’être pas embêtée pour la suite, et me revoilà en piste, temporairement réchauffée. Quelques étirements et je suis les indications de la prof pour prendre une pose couchée sur le flanc assez simple, une jambe étendue, l’autre repliée, un bras sous la tête et l’autre sur la hanche. Du grand classique… mais ça fonctionne toujours.
    
    Les poses s’enchaînent lentement de vingt minutes en vingt minutes. Je me laisse aller à rêver dans le froid qui m’engourdit lentement. ...
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