1. Modèle de femme


    Datte: 30/01/2024, Catégories: fh, complexe, école, amour, cérébral, Voyeur / Exhib / Nudisme nonéro, portrait, rencontre, Auteur: Mlle Fanchette, Source: Revebebe

    ... encore un peu de temps, d’autant que la partie vraiment périlleuse de la pose se joue maintenant : le « démontage »… Chaque fois, je n’y pense qu’une fois installée sur la chaise.
    
    Bon, aller ! Le secret, c’est de basculer sur le côté en donnant l’impression que la chute est parfaitement contrôlée. Je m’en sors plutôt bien ce soir, je suis contente.
    
    Le temps de quelques étirements, et je prends la pose suivante, plus sage, plus classique. Je vois les dessins s’aligner sur les tables et au pied des chevalets, tandis que j’enchaîne au fil des appels de Garance. Elle passe derrière chacun, commente, aide, conseille, aiguille les retouches…
    
    De cinq en dix minutes, je me laisse happer par l’étrange cour du temps qui n’existe que dans les ateliers de nus. Pour moi, il s’allonge à l’infini alors que pour les dessinateurs, il est toujours trop court. La fatigue et le calme silencieux qui règnent dans la pièce me plongent peu à peu dans une certaine léthargie, jusqu’au moment où Garance annonce la pause.
    
    Je garde encore la pose pour que ceux qui le souhaitent puissent peaufiner leur travail. Aurélien est de ceux qui restent concentrés un peu plus longtemps, jusqu’au moment où il lève le nez et demande à la manière d’un écolier :
    
    — C’est la récré ?
    
    Chacun se déplie, s’étire à sa manière, ceux qui ont apporté des bricoles à partager les proposent. Rares sont ceux qui restent assis, les autres déambulent pour voir le travail de tout le monde, commenter, discuter.
    
    De ...
    ... mon côté, je m’enveloppe dans mon peignoir géant en me redressant pour lutter contre un compagnon fort désagréable, mais omniprésent du modèle : le froid ! Ma bouteille d’eau à la main, je me mêle aux autres, acceptant un gâteau, curieuse de voir comment mes pitreries ont été rendues. Je préfère certaines pattes à d’autres, mais je suis toujours impatiente de me découvrir à travers le double filtre de l’œil et de la main des dessinateurs. Pierre m’a prise par le bras et me montre avec un enthousiasme communicatif ses travaux du jour. Comme toujours, la magie de son fusain opère : il n’y a pas grand-chose, mais tout est là. Il a saisi les postures, la lumière, les formes et j’apparais toute en courbes douces. Qu’est-ce que j’aimerais savoir en faire autant… tout en justesse et en délicatesse !
    
    Je poursuis mon tour, impatiente, je dois bien l’avouer, de voir le travail d’Yvan. Comment me voit-il ? Ronde ? Grosse ? Sculpturale ? C’est la première fois depuis ma toute première séance que je suis inquiète du regard qui est posé sur moi. J’ai envie qu’il ait un œil plutôt flatteur.
    
    — J’ai eu du mal à démarrer, explique-t-il à Garance au moment où j’approche à leur niveau.
    
    Je me penche pour apercevoir et souris devant ses dessins au trait épuré, mais net et précis, façon Jacques Martin avec des hachures et les différentes valeurs de son stylo-bille. Parti sur sa lancée dans la discussion avec la prof, il poursuit en se passant la main dans les cheveux, visiblement modérément ...
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