1. Modèle de femme


    Datte: 30/01/2024, Catégories: fh, complexe, école, amour, cérébral, Voyeur / Exhib / Nudisme nonéro, portrait, rencontre, Auteur: Mlle Fanchette, Source: Revebebe

    ... angle. J’aime à dire que je change la personne à qui je fais les yeux doux, ce qui fait généralement rire, mais face au regard intense d’Yvan, ce n’est pas un trait d’humour qui me vient. Un long frisson me parcourt sous le feu de ses pupilles félines. Dieu merci, je suis femme et la flèche aussi incandescente qu’incongrue qui vient de me traverser le ventre passe totalement inaperçue, je ne peux toutefois pas m’empêcher de rougir comme une adolescente.
    
    Il baisse rapidement la tête vers son travail. C’est peut-être mon imagination, mais j’ai l’impression de n’être pas seule à avoir été troublée par ce bref échange…
    
    Allons, Gwen, ressaisis-toi ! Les fantasmes n’ont pas leur place dans un atelier. Jusqu’ici, ça ne m’avait jamais paru imaginable. Serait-ce le face-à-face avec un bel homme de mon âge qui réveille mes instincts ? Peu importe, du coin de l’œil, je guette la pendule dont les aiguilles avancent lentement, il faut que je trouve l’idée de ma prochaine pose.
    
    Inévitablement, je recroise les beaux yeux bleu profond.
    
    Je me suis toujours sentie particulièrement féminine sur l’estrade des cours de modèle vivant, mais sous ce feu-là, je me sens femme de manière presque primitive. En me laissant aller, j’aurais même l’impression d’avoir toute la puissance et la splendeur d’une femme désirable.
    
    Quand on a longtemps été le « thon », la « mocheté » ou encore la « denrée », même si les années ont coulé et que l’on est devenu l’un des modèles favoris du secteur, ...
    ... c’est une sensation inhabituelle, pour ne pas dire très étrange, d’avoir l’impression de plaire ainsi… Je me fais sans doute des films, il faut croire que le thème de l’année m’imprègne déjà !
    
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    Nul ne peut imaginer à quel point je suis fière de moi ! J’adore surprendre et n’y arrive que rarement, mais le coup de cette pose marche à tous les coups ou presque. J’ai eu un raté : je l’ai tenté une fois sur un tabouret, une très mauvaise idée ! L’assise a basculé et je me suis lamentablement écroulée en prenant la pose. Une catastrophe ! Je reverrai toujours l’air affolé des dessinateurs aussi surpris qu’inquiets alors que je commençais à rire de ma gamelle.
    
    Que voulez-vous, dans tout métier, il y a des ratés, certains sont juste plus spectaculaires que d’autres…
    
    Je balaie le haut plafond du regard en m’efforçant de ne pas chercher à croiser un regard, ce qui me ferait basculer la tête et modifier la pose. Ces poses où l’on ne voit personne sont souvent les plus difficiles, surtout quand elles sont longues. On se retrouve seul, sans point de repère temporel ou humain. Les seuls éléments qui restent sont le silence feutré, ponctué par le bruissement des outils et le froid insidieux.
    
    — C’est bon pour tout le monde ? On change ? demande Garance, toujours l’œil sur l’horloge.
    
    J’entends Aurélien marmonner quelque chose qui se noie sous le frottement de ses coups de pastels plus vifs. Je vais lui laisser ...
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