Tout se joue le 18 juin.
Datte: 29/01/2024,
Catégories:
fh,
danser,
amour,
Voyeur / Exhib / Nudisme
conte,
historique,
merveilleu,
Auteur: Mlle Fanchette, Source: Revebebe
... brillaient un instant avant de se fondre en lui. Elle le couvrit tout entier de ses sortilèges.
Le ravissement transfigurait les traits d’ordinaire impénétrables de Gauvain : la ride soucieuse à son front s’était effacée, remplacée par les fossettes d’un sourire serein ; son regard pétillait de joie et de tendresse alors qu’il glissait avec assurance les doigts dans les nappes de brumes.
Thibault aurait donné jusqu’à son âme pour être ne serait-ce qu’un instant dans la peau de son frère : lui semblait voir le visage de celle qu’il tenait embrassée, lui pouvait la caresser, lui pouvait l’aimer…
Une profonde nostalgie envahit le jeune chevalier : il avait sous les yeux un aperçu de la félicité la plus absolue, une fenêtre ouverte sur l’Eden mais il n’était que l’observateur indiscret du miracle, un intrus.
Il s’écarta de la toile.
La vue trouble, il porta la main à son visage et découvrit avec surprise qu’il pleurait. Un rire un peu triste et fou le prit alors qu’il s’éloignait. Il trouva un coin d’herbe solitaire pour s’y étendre. Le regard porté vers le ciel limpide, il ne put se défaire de l’infinie tristesse qui s’était emparée de lui. Pourrait-il seulement en guérir un jour ?
Le lendemain, 18 juin, les deux frères partirent avec les coureurs en repérage des lignes anglaises. Dans la fraîcheur matinale, ils progressaient en silence, juste à l’orée du bois. Derrière Gauvain qui ouvrait la marche, les autres capitaines et leurs troupes, chacun guettant les ...
... signes qui indiqueraient la position exacte des Anglais avant l’assaut.
Gauvain méditait les derniers mots de sa Dame. Au petit matin de leur nuit sans sommeil, elle lui avait soufflé à l’oreille : « Ton frère est un homme désormais… ». La phrase anodine tournait dans son esprit, lourde de sous-entendus et il jetait régulièrement un coup d’œil vers Thibault. Celui-ci chevauchait comme toujours juste derrière, à main gauche mais ordinairement, il râlait sur les tourments de sa nuit, soulignait les sacrifices consentis pour laisser son intimité à Gauvain et multipliait les plaisanteries grivoises.
Il était étrangement laconique ce matin, le regard sérieux et la mine sombre. Quelque chose avait changé en lui dans la nuit, mais comment l’aîné pourrait-il comprendre pourquoi ? Lui-même avait bien gardé ses secrets.
Gauvain reporta son attention sur les alentours. Malgré le danger, il se sentait léger. Sa nuit sans sommeil ne l’empêchait pas d’être frais et dispos, plus alerte et vivant que jamais, tous ses sens exacerbés.
C’est ainsi qu’il perçu avant les autres une course à travers le bois. D’un geste, il arrêta la colonne, à peine un instant avant qu’un animal ne jaillisse devant eux. Les cavaliers demeurèrent ébahis devant le somptueux prince des forêts. Il s’agissait d’un magnifique cerf au pelage de nacre. Ses bois et ses sabots étaient d’or. Il sauta gracieusement au milieu du chemin et bondit dans les futaies derrière le talus proche.
Alors que les hommes se ...