Fifty-Fifty - Histoires de Sexe

Fifty-Fifty

... même pas une erreur, c’est une trouvaille ! Je regrette de ne pas y avoir pensé moi-même.
— Il n’y a pas de quoi rire, mademoiselle Rouvre. C’est la réputation de notre titre qui est en jeu.
— Vous n’avez pas eu autant de pudeur au moment d’accepter le pognon des Saoudiens, osa la jolie blonde.
— Ça n’a rien à voir. Nous restons indépendants.
— Ravie de l’apprendre.
— Et votre réputation à vous, mademoiselle Rouvre, vous y avez pensé ? Vous avez lu les 953 commentaires incendiaires relatifs à votre article, sur notre site ? Jamais les lecteurs n’ont été aussi véhéments. Tenez, voyez celui-ci signé par un certain… attendez…
— Vous parlez de Belphégor, je suppose ? Ne vous fatiguez pas, ce commentaire-là, je le connais par cœur. Écoutez :
— Euh… oui… ça doit être ça, bredouilla Caubert.
— Vous partagez son avis, Monsieur le Directeur ? demanda Juliette, de son ton le plus faussement ingénu.
— Mais… non, bien sûr, il ne s’agit pas de ça…
— C’est juste que je me demandais si… Vous savez… Les Saoudiens… Les châtiments corporels… Vous n’envisagez tout de même pas de me flageller cul nul en public, Monsieur le Directeur ?
— Qu’allez-vous imaginer, Mademoiselle Rouvre ? Et puis laissons nos actionnaires saoudiens en dehors de tout ça, si vous le voulez bien.

Caubert, le visage un peu empourpré, desserra son nœud de cravate, pendant que Juliette triomphait.

— Bon, ça suffit, intervint Jérôme en s’adressant au patron. Je l’avoue. C’est moi qui ai merdé. C’est bien ...

... la première fois en 26 ans…
— Et j’entends bien que ce soit la dernière, Monsieur Merlaint ! Sinon, je me verrai obligé de sévir !
— Qu’attendez-vous de moi au juste ? Des excuses ? Vous les avez. Une autocritique face à tout le personnel de cette maison ? C’est vrai qu’elle compte encore quelques ex-maoïstes honteux, bientôt séniles. Ou peut-être souhaitez-vous que je me fasseSeppuku, pour laver la honte ?
— Je ne vous en demande pas tant. Mais il serait honorable que vous adressiez vos excuses publiques à nos lecteurs, en vous attribuant la responsabilité de cet accident. Ce serait déjà plus élégant envers Mademoiselle Rouvre.

Jérôme se tourna vers Juliette, qui fixait la moquette en silence, presque absente. Ses longs cheveux clairs rassemblés en chignon dégageaient son visage en lui offrant une douceur d’ange, révélant une pureté inattendue, tant on associait plus volontiers sa beauté à celle du démon. Un rayon de soleil couchant venait de raser la pièce. Il soulignait son profil et caressait sa robe légère en révélant d’inattendues transparences. Lui qui n’avait jamais posé sur elle de regard appuyé, de crainte d’encourager son manège un peu puéril, admira alors ce corps gracieux, éprouvant une tentation d’autant plus sourde que la vision impudique était cette fois involontaire et inconsciente. Cette fille transpirait le sexe par chaque pore de son épiderme, et cela n’avait pourtant rien de vulgaire. Son appétit décomplexé était tellement naturel qu’il en devenait ...