Fifty-Fifty - Histoires de Sexe

Fifty-Fifty

... de la porte, hilare, tenant d’une main sa valise, et de l’autre, le petit string de dentelle noire que Hedia avait abandonné au salon.

— Salut les amoureux ! Mais qui voilà ? Ciel, mon amant ! Ciel, ma maîtresse ! Vous avez bien baisé, tous les deux ?
— Arrête ton cirque, Juliette, grogna Hedia.
— Avoue-le, au moins : c’était bon ? Bien sûr que c’était bon. J’ai souvent couché avec toi, Hedia, et c’était bon, cruellement bon. J’ai couché sans arrêt avec Jérôme aussi, et c’était encore meilleur. J’en déduis que vous avez passé une nuit formidable.

Un long silence suivit ce diagnostic éclairé.

— Eh ben quoi, vous n’allez pas non plus tirer une tête d’enterrement ? D’abord, c’était inévitable. Pourquoi croyez-vous que je vous aie présentés l’un à l’autre ? Ça me semblait une telle évidence…

Hedia ne semblait guère goûter la décontraction de sa copine. Elle boudait, n’admettant sans doute pas que celle-ci prétende s’attribuer les mérites d’une rencontre qu’elle avait certes permise, mais jamais provoquée. Alors elle contre-attaqua :

— Et toi, Venise, c’était bon ? T’as pas perdu ton temps, au Lido ?
— Plutôt maigre, le palmarès. À peine une minette à la va-vite.
— Tu vieillis déjà, ma chérie. Le début de la fin, à 32 ans à peine. Et c’est souvent moche, le grand toboggan, pour une nympho dans ton genre.
— Un peu comme toi, ma belle. Tu n’es que d’un an mon aînée, mais déjà tu régresses du bulbe. Qu’est-ce que c’est que ce pseudo idiot ?
— Belphégor ? ...

... J’avoue que j’ai déjà été mieux inspirée.
— Puéril ! Regarde Jérôme. Lui au moins assume son âge avec classe, sans faute de goût.
— Ça te dérange, son âge ? Si tu le trouves trop vieux, t’as qu’à me le laisser.
— Et puis quoi, encore ? Qui l’a repéré la première, à ton avis ?
— Pour toi, ce n’est jamais qu’un autre étalon de passage…
— Eh bien non, figure-toi, justement pas, pour une fois ! J’aime cet homme ! Trouve-toi un autre Jules, merde !
— Celui-là me va parfaitement. Il est bel homme, tendre…
— Cultivé…
— Plein d’humour…
— Indulgent…
— Et puis quel bon coup, si je peux me permettre.
— J’allais le dire. Pourquoi crois-tu que j’ai foncé ici, directement depuis Roissy ?
— Parce que tu te permets de squatter chez lui, comme ça, sans prévenir ? En débarquant toute pouilleuse d’un Airbus plein à craquer ?
— Jérôme m’avait filé son digicode. Et je me suis dit que ça ne le dérangerait pas que je passe prendre une douche.
— J’en déduis que tu dois être drôlement contente de me voir.
— Oui, pourquoi pas ? Tu ne vas tout de même pas te formaliser si je lui réclame moi aussi un peu d’affection ?
— Je ne suis pas partageuse.
— Contrairement à ce qu’en disent les médisants, moi non plus.
— Et on fait quoi, alors ?
— On pourrait peut-être demander l’avis de Jérôme.
— Ce serait bien la première fois que tu demandes son avis à un mec.
— Jérôme n’est pas juste un connard de mec, je te signale. Et puis il faut bien un début à toute chose.
— Finalement, ce serait plus ...