Fifty-Fifty
Datte: 27/01/2024,
Catégories:
fh,
ff,
ffh,
hplusag,
Collègues / Travail
fête,
amour,
portrait,
Auteur: Amarcord, Source: Revebebe
... bohèmeunderground, une aventure qui risquait bien de ressembler pour lui à un épisode de «Rendez-vous en terre inconnue ».
Satisfait du résultat, il ferma la porte de l’appartement, et se dirigea vers la station de taxis, un paquet sous le bras.
⁂
Jérôme se dit en pénétrant dans l’appartement que Juliette avait un carnet d’adresses bien rempli et un voisinage complaisant : il y avait foule et ledeejay n’y allait pas de main morte. Et puis il comprit qu’elle s’était assuré l’indulgence des voisins en les conviant à la fête. Ce gentil petit couple détonnait dans l’assistance, puisque ne portant ni barbe ni tatouages envahissants, ni fringuesvintage (un comble, pour des septuagénaires). Jérôme réalisa que lui non plus n’affichait aucun de ces codes dominants, ce qui lui laissa l’impression d’être le seul gars déguisé en pingouin débarquant dans un bal costumé au thème tropical. Les voisins lui adressèrent aussitôt un petit salut, comme un signe de ralliement, ce qui lui flanqua un peu le bourdon. Toutes ses craintes de n’être pas à sa place se trouvaient à présent confirmées, et il craignait déjà que ces braves gens ne l’invitent à descendre pour jouer au bridge, constatant sagement qu’il était l’heure «de laisser les jeunes s’amuser ».
Il fut sauvé de ce désespoir un peu paranoïaque par l’irruption providentielle d’une bonne fée, une longue brune perchée sur de hauts talons bien inutiles. Hedia Bayram se présenta, Jérôme la complimenta pour l’élégance toute ...
... contemporaine de sa robe, une heureuse et sensuelle exception à toute cette friperie nostalgique, et la fit rire aussitôt.
— Grâce à vous, je me sens déjà moins isolé, je ne suis désormais plus le seul à ne pas porter la barbe.
Il s’abstint d’ajouter qu’au rayon barbu, il n’avait d’affection que pour les pilosités féminines, à condition qu’elles soient gentiment disciplinées et judicieusement localisées. Il n’osa pas davantage lui demander qu’elle le rassure sur l’absence de tout tatouage sur ce corps à couper le souffle.
Hedia lui révéla que le prétexte de la soirée était la présence du réalisateur Titus Késacot, nouvelle coqueluche des cinéphiles branchés. Ce grand dadais cochait pour sa part toutes les cases : barbe de hipster, tatouages océaniens et chemise cintrée à motif géométrique brun et orange, façon papier peint de Novotel millésimé 1974.
Juliette s’aperçut de sa présence, son visage s’éclaira, elle lui lança un baiser à distance.
— Vous couchez avec elle ? s’enquit Hedia, sans la moindre gêne.
— Non, pas du tout. Nos rapports sont cordiaux, nous sommes simplement collègues.
— Provisoirement.
— Que voulez-vous dire ?
— Juliette ne fréquente jamais un homme innocemment. Tôt ou tard, elle l’épingle dans sa collection, comme un papillon éphémère.
— Elle privilégie certainement les variétés plus jeunes et colorées.
Juliette les rejoignit, après s’être frayé un chemin parmi la foule. Elle portait une courte robe dos nu au décolleté vertigineux, dont ...