Primæ noctis - Histoires de Sexe

Primæ noctis

... caillebotis était installé un carcan posé sur un pilori. Les bras et la tête passés dans l’instrument d’infamie, la belle Aliénor y était exposée à moitié nue, échevelée et en larmes.

À ses côtés Enguerrand Marcellin pérorait, fier d’humilier cette beauté. Il se délectait d’affirmer ainsi son pouvoir et de défier l’autorité d’un jeune seigneur certainement peu sûr de lui.

— Regardez cette roulure, cette catin qui s’est vautrée dans le stupre au lieu de célébrer son union avec son mari légitime. Elle va maintenant connaître mon courroux.

Il désigna un de ses sbires qui patientait à ses côtés et qui reluquait la jeune femme d’un air concupiscent, en se tapotant les chausses avec un fouet.

— Elle va recevoir son dû, soit dix coups de fouet. Vous pourrez ensuite lui jeter au visage ces légumes pourris, ordonna-t-il aux villageois peu enthousiastes. Bourreau, fais ton œuvre.

L’acolyte de l’Arsouille fit claquer son fouet dans le vide pour s’échauffer et terroriser la malheureuse, prit son élan pour donner le premier coup et se figea en voyant apparaître comme par magie une flèche, plantée entre ses pieds.

Devant lui, à une dizaine de pas, se tenait un groupe d’hommes à l’air peu commode, Béranger en tête.

— Te revoilà, toi ! gueula l’usurier en reculant, se cachant derrière un de ses serviteurs. Tu oses interrompre l’exécution de la punition de cette gourgandine. Commence à la fouetter, glapit-il à l’encontre de son bourreau.

Le tortionnaire hésita un peu ...

... et fit mine de lever le bras.

« Tòca`i si gausas ! »4 gronda Béranger en extrayant sa lame de son fourreau.

Courageux mais pas téméraire, l’apprenti bourreau prit ses jambes à son cou, laissant là, victime, fouet et maitre.

— Restez, bande de couards.

Béranger fit sauter les attaches du carcan d’un coup d’épée, recouvrit Aliénor de sa cape et la prit dans ses bras.

— Il ne vous arrivera plus rien, lui murmura-t-il à l’oreille tout en l’installant sur Prune.

Il se retourna vers les habitants hébétés et les traita de capons, de pleutres.

— Comment osez laisser traiter ainsi la fille de votre meunier, celui qui vous nourrit ? Pire, vous obéissez aux ordres de celui qui vous méprise, qui vous spolie depuis tant d’années ! c’est le moment de lui faire payer ses méfaits.

Les villageois ne se firent pas prier deux fois. Ils se ruèrent sur Enguerrand Marcellin en poussant des hurlements de joie mauvaise. L’usurier tenta bien de s’échapper en trottinant, son gros ventre ballotant devant lui. Il fut bien vite rattrapé et entravé sur le carcan. Ses braies descendues sur les chevilles, ses grosses fesses furent fouettées avec entrain tandis que les gamins et les femmes lui jetaient des légumes avariés au visage, avant de passer aux bouses de vaches, insensibles aux cris du supplicié.

Pendant ce temps Béranger s’en retournait vers le château, serrant contre son cœur la belle Aliénor toute tremblante.

— Ne craignez rien, ma douce, il ne vous arrivera plus rien. ...