Le premier mai, je fais ce qu'il me plaît. - Histoires de Sexe

Le premier mai, je fais ce qu'il me plaît.

... d’un plastique mou, me dit-il en me regardant comme s’il venait de trouver le graal.
— Vous croyez que…
— Je necrois pas, me dit-il avec cette assurance dans le regard que je n’avais pas vue depuis longtemps. Jesais ce qu’on va désormais fabriquer pour sauver notre entreprise.

Les enfants hurlèrenthors-jeu quand Saïd marqua le but. Mais tout le monde autour, employés et familles, applaudit le doyen qui venait de donner la victoire à l’équipe des parents contre celles des enfants.

Ça riait de partout, parlait, mangeait des merguez comme s’il en pleuvait. Soda et bières coulaient à flot et une enceinte bluetooth diffusaitborn to be alive, pour au moins la troisième fois de l’après-midi : à croire que tout le monde l’avait dans sa playlist, celle-là.

— Madame Marie ! Tu l’as vu, toi, qu’il y avait hors-jeu, non ? me demandèrent les deux enfants de Gilbert et Aïssa.
— J’y connais rien en rugby, les mouflets. Allez manger un sandwich avant que vot’ mère finissent toutes les saucisses.
— Mais c’est du football, Madame…
— C’est bien ce que je dis. Allez, barrez-vous ! leur lançai-je en souriant.

Ils éclatèrent de rire en partant comme des balles vers le barbecue.

Derrière celui-ci, en fait un bidon d’acier coupé en deux avec une grille dessus, Marc jouait les shivas en jonglant avec deux pinces pour tourner tout ce qui peut se griller : viande avec ou sans viande, légumes avec ou sans légume, bref. Il souriait à chaque sandwich qu’il tendait à ses ouailles ...

... heureuses.

— T’as rien avalé, me lança Malika en s’asseyant à côté de moi.
— Nausées végétariennes, c’est bien ma veine.
— Pour une viandarde comme toi, oui, c’est un peu con.
— Alors va me chercher une courgette, connasse.
— On a un entrepôt qui contient trente palettes de notre nouveau joujou à foufoune, et toi t’as envie d’une courgette ?

On pouffa de sa vanne. Elle me tendit une bouchée de carotte grillée. Ça avait l’air de vouloir rester dans mon estomac.

— Ça passera quand t’aura pondu l’héritier, me dit-elle en caressant mon ventre arrondi.
— J’espère bien. Ce machin a des goûts bizarre, je suis pas sûre qu’il soit de moi.

Re-pouffade.

— J’ai pas vu M&M’s… mais la femme de Mourad et ses gosses sont là. Tu sais où ils sont ? me demanda-t-elle.
— Sûrement en train de peaufiner leur nouveau bébé.
— Le nouveau moule ? Un 1er Mai ? C’est des malades…
— Ah ça, c’est sûr que question conscience professionnelle on peut difficilement rivaliser. Mais ils nous ont sauvé les miches.
— C’est surtout ton gode sur pattes qui nous a sauvés, avec son idée de génie de fabriquer des sex-toys !
— C’est pas faux. Mais ne l’appelle pas comme ça devant lui, il aimerait trop ça.

Nos regards se posèrent en même temps sur la petite cinquantaine de personnes rassemblées comme chaque année dans le parc de la Fabrique.

À la différence qu’il y a encore un an, personne n’était sûr qu’on serait encore là aujourd’hui.

— La femme de Saïd a l’air de s’amuser, continua-t-elle. ...