1. Le premier mai, je fais ce qu'il me plaît.


    Datte: 29/12/2023, Catégories: fh, Collègues / Travail Auteur: ericcontact, Source: Revebebe

    — Y’en a marre Marie !
    — Moi aussi j’en ai marre Marc ! C’est la fête du travail aujourd’hui ! Et encore une fois ça ne va pas !
    — Je n’y peux rien, moi, si les coques de téléphones ça ne marche plus assez pour faire vivre trente familles !
    — Et moi, je n’y peux rien si vous ne savez pas quoi faire pour sauver trente emplois ! hurlai-je en me levant d’un coup.
    
    Je claquai la porte de son bureau en sortant, y laissant toutes mes affaires comme je l’avais fait de si nombreuses fois au cours des années passées. Mais particulièrement plus souvent depuis deux mois que notre fabrique se cassait franchement la gueule, mise à terre par Amazon et ses vendeurs à vingt centimes la coque.
    
    La déléguée syndicale que j’étais devait pourtant bien le reconnaître : il n’y avait plus rien à faire de ce côté-là.
    
    Mais ce qui me mettait hors de moi, c’était que notre patron, Marc Terrier, n’avait plus la niaque pour se battre.
    
    Je sortis du petit bâtiment à un étage qui jouxtait notre grand entrepôt et la fabrique. J’en fis le tour, j’avais besoin de prendre l’air et je savais parfaitement ce qui me ferait du bien. Passé l’angle sud, je vis le petit parc où les arbres et la pelouse accueillaient ce jour, comme chaque année, le barbecue des employés et de leur famille. Sauf que, cette année, l’ambiance n’était pas tout à fait à la fête, évidemment.
    
    — Aaahh, Malika ! hurlai-je presque à ma meilleure amie et collègue, mon royaume pour une bière et une merguez !
    — Bouge pas ! Je ...
    ... reviens, me répondit-elle en détalant comme d’un starting block.
    
    Elle revint 9 minutes et 57 secondes plus tard avec le sandwich et la bière. Un centième de mieux qu’Usain Bolt. Quand je laissai tomber mes fesses sur le petit muret, Malika se pencha sur moi, toujours aussi adorable.
    
    — Il n’a toujours pas reçu l’illumination ?
    — C’est pas drôle.
    — Bah, qu’est-ce-que tu veux. Depuis que sa femme l’a quitté il est dans le gaz.
    — Oui et bin on s’en fout de l’autre connasse, là. On vend plus, il n’a pas d’idées et moi j’ai trente femmes et hommes qui me demandent chaque jour d’aller lui parler, au patron ! Même aujourd’hui, quoi !
    — Il va trouver. Un investisseur, un partenariat, il va trouver. Je sais pas, je…
    — Tu quoi ?
    — Je l’ai toujours bien aimé moi, alors je sais qu’il va trouver.
    — Malika, on a peanut de trésorerie, plus d’acheteurs et un stock phénoménal de coques qu’on ne vendra jamais.
    
    Je mordis dans mon sandwich et m’envoyai une lampée dans la gorge. Là, au moins, je ressemblai à une syndicaliste. Cette pensée me fit sourire.
    
    — A quoi tu penses, là ? me demanda Malika-oeil-de-lynx.
    — Qu’avec ma bière et mon sandwich-merguez, je ressemble enfin à une syndicaliste.
    — Boah… La Fabrique, c’est une petite famille. Alors ici, t’es plus la maman des employés qu’une déléguée. Y’en avait jamais vraiment eu besoin jusqu’à présent.
    — Mouais… Mais maintenant que Papa chie dans la colle, faut bien que je m’y mette.
    — Tu lui as soufflé quelques fois dans les ...
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