1. Le premier mai, je fais ce qu'il me plaît.


    Datte: 29/12/2023, Catégories: fh, Collègues / Travail Auteur: ericcontact, Source: Revebebe

    ... bronches, si je me rappelle bien, depuis dix ans.
    — Quand il faisait n’importe quoi, ça m’est arrivé. Mais en général, il était plutôt bon comme boss.
    — Et plutôt beau gosse en plus.
    — T’es conne, Malika, ch’te jure.
    — Allez, me dis pas que tu ne le trouves pas charmant dans son style.
    
    Elle n’avait pas tort, mais je ne l’aurais jamais avoué. Marc était un gars bien, assez discret et joliment taillé dans le style mince échevelé. Et avant que sa morue de trophy-wife ne le largue, il avait un esprit vif et rapide et une attention pour ses employés dont il se sentait responsable. Je n’avais pas grand-chose à défendre, comme déléguée, et notre combat théorique patron-VS-syndicaliste avait souvent tourné à la collaboration intelligente.
    
    — Je suis sûre qu’un ou deux soirs de discussion prolongée, tu l’aurais bien laissé t’attraper sur le bureau de la salle de conf’, poursuivit Malika en riant.
    — Mais arrête enfin ! lui répondis-je sans pouvoir m’empêcher de rire aussi.
    — Oh ça va… Ça t’aurait un peu changé du sex-toy que tu trimballes dans ton sac !
    — Mais de quoi tu parles ?
    — Ouvre ton sac à main, morue.
    — Ta gueule, radasse.
    
    On éclata de rire toutes les deux. Nos yeux se tournèrent vers la pelouse.
    
    La petite foule éparse au milieu du parc discutait, s’inquiétait, jouait avec les enfants ou bien certains attendaient juste que le couperet ne tombe à un moment ou à un autre. Tout le monde était au courant. Et je ne savais plus quoi faire, tandis que mon ...
    ... sourire retombait.
    
    — Y’a pas plus d’avancées ? Me demanda de but en blanc Saïd, le vieux chef d’atelier.
    — Nan, Jésus ne lui est pas apparu, si c’est ça que tu demandes, lui dit Malika.
    — Bah, Jésus ou n’importe quel autre prophète ferait l’affaire, mais un gros client ça serait mieux.
    — C’est mal barré, Saïd.
    — Il a mangé un truc le chef ? me demanda-t-il.
    — Ché pas.
    
    Il partit et revint deux minutes plus tard. Avec le même kit merguez-bière que m’avait apporté Malika.
    
    — Va le nourrir, me dit-il en me tendant le sandwich et la canette.
    — Pourquoi moi ? Vous êtes tous de mèche aujourd’hui pour me le coller dans les basques, un 1er Mai ?
    — Quand il te voit, il sourit, me dit-il alors, en regardant Malika qui opina de la tête.
    — Mais vous avez vraiment décidé de m’emmerder en fait !
    — Marie…
    — Ok, Ok, j’y vais. De toute façon, mon sac et mon téléphone sont sur son bureau, alors…
    
    Je toquai à sa porte et l’ouvris sans même attendre de réponse. Ça faisait dix ans que j’entrai dans son bureau comme ça. Il était de dos, face au parc et au semblant de fête qui s’y tenait.
    
    — Saïd avait peur que vous vous laissiez mourir de faim.
    — C’est gentil, merci, répondit-il sans se retourner.
    — Je… suis désolée de m’être emportée, Marc, m’excusai-je un peu à reculons.
    — Non, c’est moi, Marie. Je sais bien que tout le monde, à commencer par vous, attendez que je trouve une solution. Mais là, j’avoue qu’à l’instant T, je n’en vois pas, continua-t-il en se tournant vers ...
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