Le facteur - Histoires de Sexe

Le facteur

... Bref…

— Tu m’as donc traitée de sale gouine, tout en étant toi-même attirée par les filles, et notamment par ma compagne… C’est un peu ubuesque cette situation. Non ?
— Oui. C’est vrai… J’ai honte de moi.

Elle est sincère. Et elle a lu Jarry ! Une véritable femme de lettres, cette factrice.

— Tu as parlé de jalousie… Tu te vengeais donc de moi, en ne m’apportant pas le courrier…
— Non !

Elle a presque crié en me regardant, puis les yeux verts me fuient aussitôt.

— Ah bon… J’avoue que je m’y perds dans ton histoire.
— Un peu de jalousie, peut-être… mais c’était surtout pour éviter de rencontrer votre compagne. Je n’avais plus envie de la voir… Je me sentais conne. Et maintenant ce sera pire…
— Et tu serreras les fesses à chaque fois que tu seras sur le palier… Bien ! Je crois que nous devrions régler cette histoire entre personnes intelligentes…

Les bruits d’eaux ont cessé depuis un petit moment. La porte de la salle de bains qui s’ouvre me confirme que Chloé en a terminé de ses ablutions.

— Chloé !

J’ai appelé ma chérie, les yeux posés sur ma factrice. Un petit sourire et j’avale une petite gorgée d’alcool.

— Oh putain…
— Ne t’inquiète pas… Chloé est une gouine très gentille.

Si elle pense que nous allons lui faire sa fête, elle se trompe, la factrice. Je ne me fendrais pas d’une carte postale. Et puis, elle semble réellement flipper de se retrouver face à Chloé. Je vais donc être gentille avec cette drôle de fille.

— Allons… elle ne ...

... va pas te bouffer. Enfin… pas tout de suite…

Nolwenn boit le reste de son verre cul sec et pousse un soupir à fendre l’âme. La fin de ma phrase lui fait lever les yeux vers moi. J’y lis une note de nervosité, une touche de gêne et un soupçon d’émotion, que j’ai du mal à définir. Un peu de doute peut-être. L’espace d’un instant, il me semble que Nolwenn va parler… Mais non. Un simple regard intimidé avant de baisser les yeux sur son verre vide.

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J’ai raconté la petite histoire de notre factrice, tout en fumant une cigarette. J’ai narré l’historiette le plus sérieusement du monde, en jetant parfois quelques regards sur Chloé, et sur notre invitée. Je n’ai jamais été interrompue, et tout en terminant mon récit, je me surprends encore à penser que ma chérie a un don. Le pouvoir de se transformer en minéral. Et quand tu vas lui dire que tu as l’impression de parler à une pierre, Chloé répète mot à mot, ce que tu viens de dire. Ou alors elle est un peu sorcière. En tout cas, son pouvoir est très agaçant. J’en termine en expliquant le léger désarroi de Nolwenn, de se retrouver deux ou trois fois par semaine, plantée sur notre paillasson. Toute perturbée de se retrouver nez à nez avec son fantasme, s’il s’avérait que Chloé ouvre la porte. Ou gênée et honteuse de son comportement, devant moi. C’était selon…

— Ce n’est pas très cool… Sale gouine…

Chloé commence en finesse.

— Je sais. Je ne sais pas ce qui m’a pris… Je me suis excusée. Et ...