L'album photo d'Anne 3
Datte: 21/11/2023,
Catégories:
Entre-nous,
Hétéro
Auteur: Laetitia sapho, Source: Hds
... remettes.
Puis il a parlé de sa détention, je ne pouvais plus l’arrêter. Pour la première fois, il exprimait ce qu’il avait vécu pendant ces semaines pendant lesquelles il était retenu prisonnier.
- C’était horrible, nous étions isolés dans des cachots souterrains, sans lumière, ils diminuaient progressivement les rations journalières de riz et l’absence de soins médicaux tuait efficacement les prisonniers, là de plus longue date. Ils voulaient nous briser autant physiquement que psychologiquement. D’après ce que j’ai compris, la malaria, comme la dysenterie, les diarrhées, la tuberculose, le paludisme provoquaient des hécatombes parmi les prisonniers de plus longue date que nous. Mais c’est la folie qui faisait les pires ravages. Heureusement, je n’y suis pas resté assez longtemps pour perdre pied ou attraper une maladie incurable. A priori, d’après les médecins, j’ai le paludisme, mais un traitement adapté devrait calmer la crise. Ma blessure à l’épaule ne devrait pas laisser de séquelles.
Quand on a passé six jours à l’isolement complet dans le noir, avec pour seule nourriture un peu de riz, on en vient à considérer comme un suprême bonheur le fait d’ingérer un bout de viande ou juste de pouvoir parler avec quelqu’un, même si c’est un de nos geôliers. Plus on nous retirait de libertés, plus nos désirs devenaient modestes. Quelque chose d’anodin devenait une joie immense.
Ils nous abreuvaient quotidiennement de slogans Viêt-Cong qui nous abrutissaient chaque ...
... jour un peu plus. C’était un véritable lavage de cerveau qui se mettait en place.
C’est ton souvenir qui m’a permis de tenir quand j’étais prisonnier au fin fond de cette jungle. C’est grâce à toi que j’ai réussi à conserver un semblant d’équilibre psychologique. J’avais ton image en tête tout le temps. Ils m’ont confisqué mes affaires en arrivant, je n’avais plus la photo de toi que je conservais toujours avec moi.
Oui, je sais, tu nous a vus à Orly. Elle comme moi, étions conscients que c’était n’importe quoi ce fameux baiser, c’était juste un baiser d’adieu.
On en avait discuté avec Mary, la bêtise de notre acte, je n’étais pas amoureux d’elle, elle peut être un peu de moi, même si elle ne l’a pas avoué. On a juste craqué. Elle était là-bas depuis trop longtemps, peut-être pas assez armée pour les horreurs qu’elle avait devant les yeux nuits et jours, trop jeune et novice à son arrivée. II n’y avait aucun avenir possible entre nous, c’est certain. Elle est d’ailleurs retournée en Angleterre, et je n’ai eu aucune nouvelle d’elle. Elle s’en voulait autant que moi.
Ne lui en veut pas. C’est moi le principal responsable.
Je sais que tu ne vas pas me croire, mais ce baiser à Orly était presque un baiser amical. Une manière de clore définitivement cette liaison, qui nous minait tous les deux.
- Pierre, si je suis venue jusqu’ici, c’est pour te retrouver. C’est pour une raison précise. Je t’aime, malgré tout. J’aurais cette image dans la tête encore longtemps, je ...