1. Vague scélérate


    Datte: 24/10/2023, Catégories: ffh, vacances, voyage, bateau, Oral pénétratio, aventure, Auteur: Roy Suffer, Source: Revebebe

    ... sont écrits dans ce rapport. Vous ne pouvez pas le nier, puisque vous venez encore de nous les décrire.
    — Non, je ne suis pas d’accord sur la présentation tendancieuse qui en est faite. Pour moi, c’est en soi une accusation : « Monsieur Rézin reconnaît ». Avouez votre faute et vous serez condamné.
    — C’est en ne l’avouant pas que vous risquez une condamnation, bien plus sévère encore. Vous comprenez bien qu’il y a de très grosses sommes d’argent en jeu, dans cette affaire : le bateau, bien sûr, mais également les personnes décédées, les indemnisations aux familles des disparus, le coût exorbitant des recherches et des secours…
    — Ah, d’accord ! Les cabinets d’assurances, bien sûr… Je suis vraiment sot, perturbé par deux mois d’isolement. Donc ces messieurs travaillent pour des assurances, n’est-ce pas ?
    — En quelque sorte. Disons que ce sont… des enquêteurs.
    — Oui, oui, oui. Des enquêteurs privés dans le bureau d’un juge d’instruction de la République ! Ben voyons… Tout ce qu’il y a de plus normal.
    — Puisque vous le prenez comme ça, je vous signifie votre mise en examen pour non-assistance à personnes en périls ayant entraîné la mort, et destruction et dégradation de biens appartenant à autrui. Je demande votre incarcération avec effet immédiat.
    
    Direction la maison d’arrêt du centre pénitentiaire de Saint-Pierre. Au moins serai-je proche de mes amis. Donc les vacances continuent ! Un peu plus publiques cette fois, puisque les journalistes, toujours à l’affût de tout ...
    ... ce qui sent un peu la merde, ne m’ont pas trop lâché depuis notre retour. Mon transfert et mon inculpation font vite les unes locales. Les deux frangines, qui m’attendaient sereines pour rentrer tous ensemble en métropole, sont estomaquées et font immédiatement l’assaut de la taule pour me rendre visite. Quand elles l’obtiennent, c’est Laura qui se présente au parloir. Je lui parle en italien, mal, mais on se comprend, pour éviter les oreilles des matons.
    
    — Bon, me dit-elle. Je pense qu’il va falloir beaucoup d’argent. Je vais rentrer pour assurer la succession de mon père et t’envoyer l’aide nécessaire. Je te laisse Frane pour te tenir le moral et prendre soin de toi.
    
    Toujours à tout régenter, cette Laura. Seul dans mes neuf mètres carrés, je me repasse en boucle le film du naufrage en me questionnant. Qu’ai-je fait de mal ? Aurais-je pu faire différemment, faire mieux, sauver des passagers ? Ce que tous ces gens ne parviennent pas à imaginer, parce qu’ils ne l’ont pas vécu, c’est l’incroyable puissance des éléments, ces vagues hautes comme trois fois le palais de justice, l’extraordinaire rapidité de l’enchaînement des événements. Je me suis trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. J’ai pris la barre juste avant que le bateau ne percute la barrière de corail, me privant d’instruments, de lumière, d’efficience de la barre. Dans le noir quasi absolu, je n’avais plus que les éclairs pour me repérer et tenter de sauver ma peau. Et en plus, les autres passagers avaient ...
«12...222324...»