La poétesse et les hétaïres
Datte: 20/10/2023,
Catégories:
ff,
fhhh,
profélève,
amour,
Voyeur / Exhib / Nudisme
Partouze / Groupe
poésie,
historique,
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Auteur: OlgaT, Source: Revebebe
... notamment dans le cadre du mariage. Il n’est donc pas étonnant que Sappho, qui appartient à ce milieu, ait été homosexuelle, ou plutôt bisexuelle, puisqu’elle a été mariée.
Son amour des jeunes filles s’exprime clairement dans ses poèmes. Si cela n’a rien de choquant dans la Mytilène de l’époque, en revanche le fait que ce soit une femme qui affirme son homosexualité reste exceptionnel. Cette liberté aristocratique n’est rapidement plus comprise, et les poètes comiques d’Athènes sont les premiers à se moquer de Sappho.
Durant l’Antiquité, le lesbianisme n’est pas perçu comme une déviance ou une maladie, mais on en parle très peu. Sur les vases et autres céramiques grecques, les femmes entre elles sont souvent représentées lascives, sensuelles, se caressant. Mais les hommes, qu’ils soient romains ou grecs, n’acceptent guère l’idée que des femmes puissent se donner du plaisir entre elles, et donc, sans la présence de l’homme.
S’agissant de Sappho, on a cherché à dissimuler l’homosexualité de la poétesse, en faisant d’elle une sorte de Socrate au féminin. Dans la littérature romaine, les références aux relations sexuelles entre femmes étaient peu fréquentes. Dans « L’art d’aimer », Ovide considère le saphisme, que les Romains appelaient le tribadisme, comme « un désir inconnu de tous, bizarre… parmi tous les animaux, aucune femelle n’est saisie par le désir pour une femelle. »
Ovide et les Romains pensent qu’un acte sexuel requiert un partenaire actif ou dominant ...
... qui est phallique. Les écrivains de cette époque imaginent que, lors des relations homosexuelles féminines, une des femmes utilise un godemichet ou dispose d’un clitoris exceptionnellement grand pour la pénétration, et que c’est elle qui a du plaisir.
L’Église, triomphant à partir du règne de Constantin, condamne l’homosexualité, en particulier entre femmes. Les conciles de Paris et de Rouen en 1212 et 1214 vont jusqu’à interdire aux religieuses de dormir ensemble. Elles doivent désormais dormir seules et ne pas rester dans l’obscurité, afin de surveiller leurs actes. Il faut dire que quelques années avant, dans une lettre écrite à son époux Abélard, Héloïse, qui a pris le voile, écrit : « Pour perdre une femme, il n’est pas d’arme plus sûre que les cajoleries féminines. Et la corruption rampe jusqu’à son cœur sous des caresses plus insinuantes. »
Des lesbiennes étaient excisées ou on mutilait leurs seins si elles étaient surprises. Au Moyen-âge, les lesbiennes doivent se faire discrètes, sous peine d’être noyées, pendues ou brûlées.
Il faudra attendre la Reine Christine de Suède (1626-1689), près de deux mille ans après Sappho, pour voir une nouvelle femme célèbre assumer, sinon revendiquer sa bisexualité : la fille de Gustave-Adolphe s’habillait en homme, refusait de se marier et couchait aussi bien avec des hommes que des femmes.
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Je terminerai cette évocation de Sappho par son magnifique poème, « Ode à une Femme aimée » :
Si la Grèce antique a été la ...