1. Philosophie du plaisir (2) : Sade, le Marquis et ses œuvres.


    Datte: 05/07/2019, Catégories: Dans la zone rouge, Auteur: Olga T, Source: Hds

    ... Mme de Sade ont rebaptisée Justine !) vient réclamer sa fille et tire sur Sade.
    
    ECRIVAIN EN PRISON
    
    Sade est arrêté dans la capitale le 13 février 1777 et incarcéré au donjon de Vincennes, par lettre de cachet, à l’instigation de sa belle-mère, Madame de Montreuil.
    
    Cette mesure lui évite l’exécution, mais l’enferme dans une prison en attendant le bon vouloir du gouvernement et de la famille. Or la famille a maintenant peur de ses excès. Elle a soin de faire casser la condamnation à mort par le Parlement de Provence mais sans faire remettre le coupable en liberté.
    
    Il passera les 13 années suivantes à Vincennes, à la Bastille et à Charenton. Il a droit à un traitement de faveur, payant une forte pension. Mme de Montreuil et sa famille attendent de lui une conduite assagie pour faire abréger sa détention. Ce sera tout le contraire : altercation avec d’autres prisonniers dont Mirabeau, violences verbales et physiques, menaces, lettres ordurières à sa belle-mère et même à sa femme, qui lui est pourtant entièrement dévouée.
    
    L’incarcération l’amène à chercher dans l’imaginaire des compensations à ce que sa situation a de frustrant. Son interminable captivité excite jusqu’à la folie son imagination. « En prison entre un homme, il en sort un écrivain. », note Simone de Beauvoir.
    
    Le 22 octobre 1785, il entreprend la mise au net des brouillons des « Cent Vingt Journées de Sodome », sa première grande œuvre, un « gigantesque catalogue de perversions », selon Jean ...
    ... Paulhan.
    
    Le 2 juillet 1789, il est transféré à Charenton, alors hospice de malades mentaux tenus par les frères de la Charité. On ne lui laisse rien emporter. Ses précieux manuscrits seront détruits lors du pillage de la Bastille, le 14 juillet 1789. En réalité, le manuscrit n’a pas été perdu et finira par revenir à la France en 2017, après de nombreuses péripéties.
    
    SADE LE SECTIONNAIRE
    
    Rendu à la liberté le 2 avril 1790 par l’abolition des lettres de cachet, Sade s’installe à Paris. Il a cinquante ans. Il est méconnaissable, physiquement marqué par ces treize années d’enfermement.
    
    La marquise, réfugiée dans un couvent, demande la séparation de corps et l’obtient. Il fait la connaissance de Marie-Constance Quesnet, une comédienne de 33 ans qui ne le quittera plus jusqu’à sa mort. Les dévergondages de son imagination, il les réserve désormais à son œuvre.
    
    Ses fils émigrent, il ne les suit pas. Il essaie de faire jouer ses pièces sans grand succès. Sa qualité de ci-devant le rend a priori suspect. Il se lance dans le mouvement révolutionnaire et met ses talents d'homme de lettres au service de sa section de la place Vendôme, la section des Piques, à laquelle appartient Robespierre. Entraîné par le succès de ses harangues et de ses pétitions, emporté par sa ferveur athée, il prend des positions extrêmes en matière de déchristianisation et participe à la terreur au moment où le mouvement va être désavoué par Robespierre et les sans-culottes les plus radicaux éliminés de ...
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