1. Mise en pièces d'un certain rêve américain


    Datte: 18/10/2023, Catégories: articles, Analyse, Bande, desinée, graphisme, femmes, entre, elles, Auteur: Iovan, Source: Revebebe

    ... soumission, à laquelle la jolie voisine, ou amie, entrée sous un prétexte quelconque a lentement amené sa belle proie à succomber au désir qu’elle a su éveiller en elle… Puis elle l’a amenée là où elle voulait, la ligotant étroitement pour mieux la soumettre à son emprise brutale et impérieuse…
    
    Et la belle dévoyée déguste sa jolie proie, toute à sa merci, à violents coups de reins qui font se hausser celle-ci sur la pointe des pieds, et la supplicient au point de la faire sangloter, inondant de larmes son beau visage crispé par la douleur mais la faisant jouir : on voit couler sa cyprine sur ses cuisses.
    
    Intéressons-nous au décor : la jolie brune, en bonne ménagère, était en train de frotter et nettoyer le sol, la vadrouille imbibée de savon, abandonnée au milieu d’un amas de bulles, en est la preuve, elle a dû s’interrompre quand sa jolie voisine est entrée.
    
    Tout s’est donc joué de manière impromptue, et la violence de la scène est en total décalage avec ce que dit le décor d’un quotidien, où chaque élément a son importance quant au contexte et au scénario.
    
    Cela se passe… Dans la chambre de bébé d’une tranquille maison de la « middle class » américaine avec son environnement rassurant, tout ici ne parle que de quiétude, de douceur et de calme…
    
    De la jolie frise naïve, représentant un petit train sur le mur du fond, à la photographie des jeunes époux souriants, ou celle de la jeune maman serrant un poupon dans ses bras, image parfaite d’un bonheur sans ...
    ... nuages… au rocking-chair, symbole des moments de détente masculine, pris dans la chaleur d’un foyer apaisant, le dessin des petits ballons, enfantins, légers… innocents… le Teddy bear posé sur la desserte au fond, et les deux coussins de satin en forme de cœur, qu’on imagine roses posés au pied du berceau où s’agite un bébé, dont on aperçoit les mains et un pied…
    
    Car celle à qui la salace voisine fait subir ces outrages, est une jeune maman, qui allaite, en témoignent les jets de lait que sa bourrelle fait jaillir de ses seins ligotés et torturés…
    
    En iconoclaste patentée, Rebecca fait voler tout cet univers équilibré, sucré, rose bonbon (Walt Disney ?) en éclat, y plantant au beau milieu cette scène d’une luxure et d’une salacité inouïe qui prend tout son relief et donne ainsi, son symétrique, à lire en creux.
    
    Ce thème de la maternité dévoyée et roulée dans ce qu’une certaine morale considère comme la fange est une donnée récurrente de la grammaire Hapienne, et pourrait fournir du grain à moudre à certaines… Celui-ci revient de manière quasi obsessionnelle dans une majorité de ses dessins et vignettes où lorsqu’il n’est pas explicitement développé, il s’y retrouve en filigranes discrets mais marquants.
    
    Les dessins de Rebecca ne se regardent pas seulement, ils se lisent et se décryptent. Chacun d’eux, en fait, nous conte une histoire.
    
    J’ai découvert le travail de Rebecca Hap en 1999 dans une bande dessinée enfouie sous un fatras de bouquins, magazines et autres ...
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