Encore et encore - Histoires de Sexe

Encore et encore

... relever pour me prendre dans un corridor sombre. Il était devenu rouge de gêne.

Elle souffla et réussit à reprendre sa contenance.

— C’était tellement fini. Tellement. Je fréquentais Noémie depuis plus d’une année, en fait. J’en étais amoureuse, mais nous trouvions notre avantage mutuel à sa vie solitaire et ma vie en couple. Nous nous rencontrions dans son tout petit appartement du ghetto McGill, pour des journées entières à faire l’amour. J’en ressortais les jambes flageolantes, j’en titubais presque. Mais quel bonheur m’envahissait, qu’est-ce que je me sentais vivante ! L’intensité de cette femme me captivait, et elle savait si bien venir chercher le plus beau et le plus cru de moi-même. Après, je rentrais dans mon immense maison où j’étais seule. Je détestais entendre l’écho de mes pas dans le couloir et les pièces. J’étouffais dans tout cet espace. Alors un après-midi, après une journée torride avec Noémie, je me suis assoupie dans ses bras. Quand je me suis réveillée, à 22 h, mon téléphone était rempli de textos anxieux de mon conjoint. Mon alibi était complètement brûlé. Alors je lui ai écrit que j’avais décidé de le quitter et que c’était la raison pour laquelle je n’étais pas rentrée. Ce fut la sieste la plus utile de ma vie !

Et elle pouffa à nouveau de rire.

— Je dirais que c’est presque une belle histoire, je répondis. Et donc il n’a jamais su que tu le trompais ?
— Oui, au final, c’est une belle histoire ! Non, je ne crois pas qu’il ait su que je ...

... le trompais. Et je l’aurais bien vu me reprocher de l’avoir trompé ! cracha-t-elle, subitement très aigrie. Le salaud. Il se targuait bien d’être fidèle auprès de ses amis et sa famille. Mais est-ce fidèle d’abandonner la personne avec qui la sexualité est supposément exclusive ? De la laisser se dessécher ? Sa tromperie était d’être absent, alors que nous devions être unis. Je l’ai trompé en faisant +1, soit. Il m’a trompé en faisant -1.

Sophie engouffra une immense bouchée de pâtes, qu’elle mastiqua en regardant par la fenêtre. Ses derniers mots résonnaient encore dans la pièce, il me semblait. Je restai en silence. Finalement, quand elle eut dégluti, elle avait retrouvé son entrain habituel.

— Hé, le soleil va bientôt se coucher. On retourne se baigner ?
— Super idée !

Et, comme des gamins, nous laissâmes nos assiettes à moitié terminées sur la table et détalâmes vers la rivière.

* * *

À cette heure-ci, le plan d’eau était désert. En amont comme en aval, aucun kayak, canot, ou autre embarcation n’était présent. Je ne sais pas si une présence intruse aurait modifié le comportement de Sophie, de toute façon. Arrivée au bord de l’eau, elle fit passer sa camisole par-dessus sa tête et laissa choir sa jupe sur le sable, ce qui me confirma que mon œil masculin pour détecter les sous-vêtements ou, dans ce cas-ci, l’absence, était encore bien aguerri. Me faisant dos pendant le court processus, je la vis ensuite avancer élégamment ses jambes souples dans l’eau, ...