Encore et encore - Histoires de Sexe

Encore et encore

... fréquemment un effort, quelque chose était peut-être fatalement en train de s’éteindre.

— Plus rares.

Sophie décida de ne pas pousser plus loin l’indiscrétion.

— Noémie m’a appris une chose, une chose magnifique : la beauté du désir. L’importance du désir, sa valeur capitale. Elle a une façon merveilleuse d’identifier et de nourrir son désir. Le commenter, le définir, en prendre conscience, le réaliser, et le faire avec une telle reconnaissance ! L’alimenter, mais aussi le soutenir, le pérenniser et surtout ne pas accepter de l’inhiber. J’en étais si surprise, au début de notre relation, de l’émotion qu’elle vivait face à un fort désir. Et, en constatant que j’étais une source de puissant désir pour elle, je devins très attentive à mon propre désir, et j’éprouvai son importance, en sentit l’émotion associée. C’est ainsi que j’en suis tombée amoureuse. Hum ! Il est très bon ton cannabis ! Juste bien dosé !

Encore une fois, elle démontrait sa capacité inégalée de changer le ton de la conversation.

— « Mode avion », qu’il s’appelle. Ça aide à décrocher !

Nous retournâmes à l’intérieur, laissant la porte-moustiquaire bien ouverte pour profiter de la légère brise qui commençait à souffler. Affamés par notre journée et l’effet de la drogue, nous jetâmes notre dévolu sur le plat de pâtes, les terrines et la baguette. La confidence de Sophie avait bien éveillé ma curiosité et j’étais avide d’en savoir plus.

— Et par la suite, que s’est-il passé ?
— Oh ! Tout ...

... plein de choses ! s’exclama-t-elle, comme sortie de la concentration qu’elle avait dévouée à la bouchée qu’elle venait de prendre. Noémie a eu un impact fondamental sur le reste de ma vie. Elle m’a fait réaliser la préciosité de la sexualité, sa beauté, et l’importance de pouvoir l’exprimer. Bref, j’ai cessé d’attendre après ce que je ne trouvais plus dans mon couple. Je le trouvais avec elle.
— Mais ultimement, ça a mis fin à ton couple ?
— Il était déjà mort, mon couple, depuis longtemps. Mais si la sexualité avait été le seul problème, j’aurais pu bien m’en tirer grâce à des aventures, un amant ou une amante stable qui m’aurait permis de compléter ce qui me manquait. Mais à part les tâches ménagères, il n’y avait plus rien qui nous rassemblait !

Son visage se convulsa, et elle éclata d’un rire incontrôlable.

— Quand l’activité de couple se résume à faire l’épicerie ensemble, ce n’est pas un bon signe. Il y a même une fois où j’avais mis ma tenue la plus sexy pour souligner l’événement.

Et elle pouffa de rire à nouveau. Elle en riait aux larmes. Son rire contagieux, alimenté par l’effet du cannabis, m’emporta, et je m’esclaffai à mon tour.

— Le commis de la poissonnerie s’était étranglé quand j’avais demandé des huîtres, en pointant mon mari et en lui faisant un signe de bite molle pour qu’il comprenne que je cherchais l’effet aphrodisiaque. Je portais une robe légère qui permettait de tout deviner de ma physionomie et qui, j’espérais, était une invitation à la ...