D'une terre à une autre - Histoires de Sexe

D'une terre à une autre

... était devenue. Un problème d’essieu, ou de roue, avait immobilisé le gros chariot, le long de la bordure droite du large chemin de terre. Deux gros bœufs à la robe beige avaient été libérés. L’un des hommes les avait conduits de l’autre côté de la route de terre poussiéreuse, et les gardait éloignés de la grande carriole.

— Ils vont pas faire de mal aux vaches, hein ?

Vanna, ses yeux verts braqués sur la scène, paraissait s’inquiéter pour les bêtes.

— Ce sont des bœufs, ma chérie. Non, ils ne vont pas leur faire de mal…

La rouquine, sans trop savoir pourquoi, se sentit subitement mal à l’aise. Sans raison apparente, elle était sujette à un début d’angoisse.

— Vanna…

Miss Temple, maintenant sous le coup d’une sourde inquiétude, regarda sa compagne talonner sa mule. Et cette fois, cette satanée carne se montrait très obéissante, et trottait déjà vers les hommes penchés sur la charrette.

— Vanna ! Attends !

La rouquine, à son tour, talonna la jument baie. Les rênes lâchées dans une main, l’autre sur la garde de sa nouvelle épée, elle encouragea sa monture de la voix. Aylin, les yeux fixés sur Vanna, sentit une boule d’angoisse lui nouer la gorge. Cinq hommes. Des paysans. Vêtus d’habits d’ouvriers agricoles. Un reflet brillant au soleil, sous le pan ouvert d’une veste de couleur claire. Une garde d’épée ou une dague.

— Vanna ! Attention ! Reviens, Vanna !

L’Irlandaise sentit son cœur calmer ses battements affolés. Elle détacha son regard du ...

... groupe d’hommes, maintenant plus proche, et reporta son attention sur sa compagne. Vanna avait réussi à ralentir le trot de sa mule, et s’était retournée vers Aylin, comme pour l’attendre enfin.

— Capturez la négresse ! Two-Eyes a ordonné de ne pas tuer la rouquine !

Une voix de stentor avait crevé le silence de ce bout de campagne calme, et quatre des paysans couraient maintenant vers elles. Très vite, ils seraient sur Vanna. L’espace d’un instant, miss Temple s’affola encore. Il était trop tard ! La jument baie faillit se cabrer, quand la rouquine tira sur les rênes. Un bond souple et Aylin était à terre, proche de Vanna toujours juchée sur sa mule. La jeune métisse semblait statufiée, observant les paysans qui arrivaient sur elle.

— N’oubliez pas ! Ne tuez pas la mère ! C’est elle qui paiera la rançon pour la fille !

Le regard gris se porta plus loin. Un léger nuage de poussière ocre, non loin derrière la carriole abandonnée. D’autres salopards. Trois autres ordures à cheval. Peut-être quatre.

— Tu ne les tueras pas tous… impossible. Ils te prendront Vanna. Elle ne risque rien. Une rançon. Tu resteras vivante. Réfléchis, ma grande… Putains de Dieux… Réfléchis…

Aylin n’avait fait que murmurer. Elle reporta une nouvelle fois son attention sur ses assaillants plus proches, Celui qui semblait être le chef n’était plus qu’à une vingtaine de pas. Épée au poing et déjà essoufflé par sa course. De mauvais bougres mal préparés. Cela ne suffirait pourtant pas.

— ...