1. We can be heroes


    Datte: 03/03/2018, Catégories: fh, amour, cérébral, pénétratio, fsodo, exercice, mélo, portrait, Auteur: Amarcord, Source: Revebebe

    Avertissement :
    
    Ce texte forme le sixième et avant-dernier épisode d’une série dont l’objet était d’abord de tenter de construire de nombreux personnages. La lecture préalable des épisodes précédents est utile à ceux qui souhaitent suivre leur évolution.
    
    Il n’échappera pas aux lecteurs que cet épisode évoque à la fois les thèmes de l’écriture et de la musique, jusqu’à tenter la périlleuse métaphore d’une construction moins linéaire et d’une lente progression. À vrai dire, pour ce chapître, si j’ai tenu la plume, ce sont bien des chansons qui m’ont soufflé les mots et l’histoire, à partir de leur titre, ou de leurs paroles, ou encore de leur ambiance. Ceux qui le souhaitent trouveront, en tête de chaque "piste" une référence à ces morceaux précis, qui les invitera peut-être à une promenade musicale autour de Berlin et de Bowie. La septième et dernière partie, en particulier, a été cousue, comme la robe qui est évoquée dans le texte, sur la peau des deux chansons indiquées, qui tournaient en boucle dans la pièce où j’écrivais. À défaut de convaincre par ses propres mérites, ce chapitre aura au moins proposé d’autres émotions, musicales, à travers ces correspondances… À vos lecteurs Spotify, Deezer ou YouTube !
    
    ~~oOo~~
    
    Suite musicale
    
    Piste N°1
    
    La voix de Robert
    
    David Bowie,Station to Station, 10’18"
    
    Ah… Andrzej… Comment te dire ? Et comment te le décrire ? Il y a ce que tu sais déjà, bien sûr. L’enfant terrible de la photographie, son petit prodige ...
    ... aussi. À 33 ans, l’âge du Christ, il est celui dont tous les critiques prophétisent l’avènement. Est-ce pour cela qu’il semble parfois porter sur ses épaules tous les péchés du monde ? Qu’il soulève son talent comme une croix, de station en station, de ville en ville ? Il étouffait en Pologne, vomissait le biotope réactionnaire. Alors il se décrète réfugié esthétique et part à Londres, il n’avait pas encore ton âge. Il y devient aussitôt la coqueluche des trendsetters. Le succès l’effraie, il part pour les États-Unis, et réussit en six mois à excéder tout le métier : agents d’artistes, galeristes, agences, clients, confrères… Cap sur Paris où, ô miracle, il se stabilise pour quatre ans. Stabilise n’est peut-être pas le mot approprié, compte tenu de son tempérament farouche. Depuis, il est passé par Amsterdam et Montréal avant de finalement se poser à Berlin. Pour combien de temps ?
    
    Je l’ai un peu fréquenté il y a six ans. Il était si jeune, tenait absolument à travailler avec moi sur un gros projet. Attention, je ne dis pas que je l’ai formé. Il n’accepterait de personne une telle mainmise. Attends que je te dise le meilleur : il est autodidacte. Si, je t’assure. Sa véritable formation est pianiste classique, il pourrait en faire carrière. Il est doué pour les langues, autant dire que ses années parisiennes en ont fait un parfait francophone. Il est malheureusement nettement moins adroit quand il s’agit des rapports humains.
    
    Comment ? Non, non, pas un gueulard soupe au lait ...
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