Le début
Datte: 22/05/2019,
Catégories:
fh,
inconnu,
prost,
telnet,
amour,
init,
poésie,
amiamour,
Auteur: Louise Gabriel, Source: Revebebe
J’écris la vie, la vraie, je n’ai pas d’imagination. Mes imaginations, je les réserve à l’action. Mon esprit n’est capable que de mettre en forme ce qui m’arrive. Il tente de façon inlassable de poser sur papier le mieux possible le parcours de mes ondulations cérébrales, de mes ressentis, la profondeur de mes folies sensuelles qui ne sont forcément abyssales que pour moi. Parce que, quoi qu’il arrive, tout a été dit, tout a été fait, et sans doute mieux dit, sans doute mieux fait, je ne sais pas.
Mais il me faut le dire à tout le monde et à personne, que cela s’éloigne de moi, s’échappe, tous ces mots qui s’entrechoquent et qui disloquent mon âme, raconter des histoires, raconter mon histoire, et d’une en faire mille. Elles vous plairont, elles ne vous plairont pas, qu’importe finalement, elles ne seront plus à moi dès lors qu’elles seront postées, elles vivront ailleurs, éternelles ou éphémères.
Il faut bien un début à toute chose, tenter de vous jouer la musique sinueuse de mes élucubrations nocturnes avec application, le conte d’une belle au bois dormant un peu barrée n’étant plus capable de se satisfaire d’un seul prince charmant. Une tranche de vie finalement si banale, les coucheries extraconjugales, évidence de la plus pure banalité, mais les écrire avec les plus jolis mots, meublés de poésie. Parce que le cul, c’est poétique, c’est symphonique, c’est déchirant et envoûtant quand la chair se découvre une âme.
Alors, je vais essayer. Toutes les histoires ...
... commencent comme ça, non ?
Il était une fois une femme folle amoureuse de son amant, amoureuse depuis plus de vingt ans déjà. Rien, jamais, au grand jamais, n’était venu ternir cette respiration obligatoire. Il était son oxygène, son souffle de vie. Elle aimait par-dessus tout noyer ses yeux dans les siens dès le petit matin, se persuader jusqu’à la souffrance qu’ils avaient l’éternité devant eux.
Mais le temps passe à la vitesse de l’éclair. On est jeune, et on se retrouve vieux, un rien plus fatigué, un rien plus désabusé, un rien en plus qui finit par peser des tonnes.
Il était de quelques vingt ans son aîné, la fleur de l’âge d’un côté, et de l’autre les travers de l’âge avancé, ne plus faire l’amour comme avant, mettre son corps en jachère en espérant qu’il oubliera tout, qu’il ne subira pas la privation, qu’il saura se satisfaire, que quelques jouets de plastique et une imagination fertile se substitueront aisément à des perceptions bien plus charnelles.
Il lui offrait de temps à autre de petites friandises pour la faire patienter. Ils étaient beaux, ces amants d’un soir, papillons graciles, cadeau éphémère.
On peut indéfiniment brimer son corps, le soumettre à toutes les exigences, mais il arrive toujours le moment où l’esprit reprend ses droits. N’est pas nonne qui veut, sœur cloîtrée au Carmel, avec pour seul amour un dieu volatil.
Il y a cet horrible sentiment ancré au plus profond de la chair, cette affreuse sensation de la fuite inéluctable du temps, ...