1. Libération


    Datte: 14/05/2019, Catégories: fh, amour, volupté, Auteur: Orchis, Source: Revebebe

    ... pénombre.
    
    — C’est fini. Nous allons vous sortir de là. Tout ira bien.
    
    Au son de sa voix, l’homme esquissa un geste pour s’asseoir. Les chaînes qui pendaient à ses poignets et à ses chevilles cliquetèrent. Elle posa la main sur son épaule et grimaça de la sentir si décharnée.
    
    — Non. Ne bougez pas.
    
    Il ne l’écouta pas et la fixa d’un regard fiévreux. Des prunelles d’un bleu-vert inoubliable. Son cœur manqua d’exploser sous un afflux violent de joie mêlée de désespoir et d’incrédulité.
    
    — Thierry…
    
    Indifférente à la vermine qui grouillait sur le sol, elle se laissa tomber à genoux pour examiner son visage hâve. C’était bien lui, sans le moindre doute possible. Un sanglot lui coupa le souffle. Elle caressa sa joue mangée par la barbe et la saleté. Elle était brûlante.
    
    — De l’eau, implora-t-il.
    — Oui, bien sûr.
    
    Elle déboucha en hâte sa gourde et lui souleva la tête pour l’aider à boire. Il faillit s’étrangler dès la première gorgée.
    
    *****
    
    Des gémissements, des supplications…
    
    Nathalie se réveilla en sursaut. Thierry ! Elle quitta son lit de camp d’un bond, se rua à son chevet, chercha à tâtons l’interrupteur de la lampe et alluma la lumière. Il s’agitait sous les draps et geignait ; des gouttelettes de sueur luisaient sur son front.
    
    — Thierry… Réveille-toi…
    
    Elle frôla son bras du bout des doigts ; il se redressa avec un cri et grimaça aussitôt. Son dos le faisait encore souffrir.
    
    — Doucement.
    
    Elle lui adressa un sourire apaisant mais ...
    ... se garda bien de le toucher nouveau. Dans l’état où il était, le moindre contact suffirait à déclencher une crise de panique. Haletant, il jeta quelques coups d’œil angoissés autour de lui.
    
    — C’est moi. Tu me reconnais ? Tu es libre, maintenant. Tu n’as plus rien à craindre. Tu te souviens ?
    
    Il la fixa, mais elle était persuadée qu’il ne la voyait pas. Il contemplait un passé empli de tortures et de violences. Plusieurs secondes s’écoulèrent avant qu’une lueur de compréhension n’éclaire ses yeux. Il enfouit son visage dans ses mains.
    
    — Oh, Nathalie. Je ne m’en sortirai jamais.
    
    Elle serra les dents. Plus que tout, elle désirait le prendre dans ses bras, le bercer, le rassurer, mais elle craignait bien trop de le déstabiliser pour s’y risquer. Ne surtout pas aller trop vite. Elle se contenta de s’asseoir sur le bord du lit et d’effleurer ses cheveux.
    
    — Bien sûr que si. Tu vas déjà beaucoup mieux.
    
    Il avait repris une bonne dizaine de kilos. Il était encore plus léger qu’elle, mais, au moins, il ne ressemblait plus à un squelette animé. Ses cauchemars commençaient même à s’espacer. Elle voulait croire à l’importance de ses progrès, elle voulait croire qu’il réussirait à surmonter son traumatisme.
    
    — Tu as juste besoin d’un peu de temps.
    
    Il releva la tête. Il paraissait si perdu… Elle lutta pour ne pas pleurer.
    
    — Viens près de moi, murmura-t-il soudain. Je n’ai pas envie de rester seul cette nuit.
    
    Dans un premier temps, elle demeura interdite, puis ...
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